Spécial Marche verte

Maternité : Bouhhh ! Mon bébé est à la crèche

Qu'il ait 15 jours ou 2 mois, le faire garder, c'est toujours un pincement au cœur
Le souci majeur de toutes les mamans actives de nos jours, c'est : qui va garder bébé ? Le congé de maternité qui va prendre fin et les journées de travail qui vo

22 Février 2007 À 17:09

Inès part avec sa maman tous les jours au bureau et tous les collègues la connaissent. «C'est en principe une salle pour l'allaitement, mais comme il n'y a pas beaucoup de bébés, l'infirmière nous fait la gentillesse de s'en occuper», explique toute joyeuse Lamya.

Et de continuer, catégorique : «S'il n'y avait pas cette solution j'aurais simplement démissionné pour m'occuper de ma fillette». Les autres chanceuses ont maman ou belle-maman à qui confier le nouveau-né, soit qu'elle ait fait le déplacement elle-même rien que pour ça, soit c'est le passage obligatoire avant d'aller au bureau pour le déposer et le retour après le boulot pour enfin le récupérer et rentrer à la maison.

C'est l'heure des gros câlins et des «C'est bon, maintenant maman est là !». D'autres triment à trouver une «nounou» digne de confiance pour garder le bébé et faire le ménage de préférence, parce que «C'est tout de même difficile d'assurer la paie de deux personnes», argumente Rachida, maman de Zaid, 6 mois. Et toujours selon les moyens et quand il n'y a pas le choix, la dernière option reste la crèche.

Ikbal de Rabat, mère de Fadel, qui a quatre mois à peine, a été contrainte de le mettre à la crèche après la fin de son congé de maternité, son entreprise n'employant pas plus de cinquante femmes. «J'ai pris aussi mon congé annuel pour rester avec mon enfant le plus de temps mais là je n'ai pas le choix, mes parents et ma belle famille vivent à Fès et je n'ai trouvé personne qui puisse le garder, la femme de ménage ne vient que deux jours par semaine et comme elle a beaucoup à faire, elle ne peut pas s'occuper de Fadel», raconte cette jeune maman.

Elle profite de l'heure légale d'allaitement pour quitter le bureau un peu tôt et aller chercher son bébé à la crèche. «J'ai préféré un établissement pas loin du bureau pour pouvoir y arriver vite en cas d'urgence, mais aussi pouvoir y faire un saut de temps en temps, histoire de m'assurer que mon enfant est bien traité», précise-t-elle. Parce que bien entendu et comme toutes les mères dans son cas, quel que soit le prix qu'elles payent, sachant que mettre son bébé à la crèche n'est pas donné chez nous, elles ne sont pas rassurées. «Après l'avoir placé à la crèche vient alors la période des interrogations et de la culpabilité.

Il est indéniable que le fait de laisser son enfant toute la journée est une source d'angoisse plus ou moins importante, plus ou moins exprimée, surtout s'il s'agit d'un premier enfant.
De plus, la maman a souvent mauvaise conscience de reprendre son travail et de laisser son bébé», explique Ilham Saoudi, sage-femme et propriétaire d'une crèche à Casablanca. «Le plus souvent, la maman n'est absolument pas prête à se séparer de son enfant.

Elle est encore avec lui dans une relation de symbiose. L'attente anxieuse de savoir à qui elle va confier son bébé et où focalise toute son angoisse et elle en oublie sa préparation psychologique pour une séparation future», commente Imane Smyej, psychologue. Cette séparation doit se faire tout en douceur : «La garde de l'enfant par une autre personne que la maman doit se faire de manière progressive. Quel que soit le mode de garde, une période d'adaptation est nécessaire pour que l'enfant se sente en sécurité.

L'acquisition progressive de nouveaux repères de lieu, de temps,
de personnes et d'objets est le meilleur garant de l'équilibre psychologique de l'enfant.

Certains spécialistes préconisent également l'utilisation
d'un doudou ou d'un foulard imprégné de l'odeur de la mère comme objet transitionnel, rappel permanent de l'existence de la mère», explique la psychologue.

Ceci étant, cette séparation est un mal nécessaire, puisque porter la médaille de la femme émancipée a aussi
des revers.
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A consommer avec modération

Mettre son enfant à la crèche de manière très précoce, vers trois mois, a longtemps été considéré comme bénéfique pour ce qui est de sa socialisation, de son apprentissage du contact avec les autres enfants.

Or, de nombreuses études ont montré que les enfants qui allaient à la crèche contractaient plus de maladies contagieuses que les enfants laissés à la garde de leur mère ou d'une nounou.... Par ailleurs une étude américaine nous apprend encore autre chose ....
Cette étude a été menée pendant près de 10 ans sur 1300 enfants : selon les conclusions de ce travail, loin de faciliter la socialisation des jeunes enfants, un placement précoce en crèche développerait leur agressivité.

Les chercheurs s'accordent à dire que pendant les premiers mois de vie, un enfant a besoin d'un interlocuteur unique, d'une relation à deux, que ce soit avec sa mère, son père ou sa gardienne. Cette relation à deux va le sécuriser et l'aider à se développer. Ce n'est que plus tard que le fait d'être à la crèche, en contact avec d'autres enfants, lui permettra de découvrir la vie "en société" sereinement. Avant cela, il faut déjà qu'il trouve ses marques...
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