Salon international de l'agriculture de Meknès

Les systèmes financiers bloquent l'intégration régionale

Ils sont peu développés et lentement réformés

20 Février 2007 À 17:40

Le commerce extérieur et le commerce régional en Afrique du Nord sont handicapés par les systèmes financiers des pays de la région, peu développés et lentement réformés. Un constat partagé par l'ensemble des intervenants ayant pris part, hier, à la session sur la conciliation entre facilitation du commerce et conformité avec les normes de gouvernance financière et ce, en marge du Forum organisé sur le commerce en Afrique du Nord, au Palais des congrès à Marrakech,.

Certes, les banques de la région, pour la plupart, sont engagées, depuis de longues années dans des processus de réformes financières et commerciales. Seulement, il reste encore du chemin pour permettre un certain niveau d'intégration pour la région.

A cet égard, les banques centrales d'un certain nombre de pays (Tunisie et Mauritanie par exemple), et afin de prévenir les crises et les chocs régionaux et internationaux, ont noué des accords de coopération prévoyant l'adoption des règles de gestion prudentielles conformément aux critères internationaux en matière de supervision bancaire et financière.

Des initiatives sont également en cours visant une harmonisation et une convergence des réglementations et des procédures. Cependant, il faudrait dire que le système financier ne constitue pas toujours un vecteur de développement du commerce régional.

Outre l'aspect réglementaire, l'analyse de la perception des systèmes financiers des pays d'Afrique du Nord révèle que les problèmes d'accès au financement constituent un frein au développement des affaires et du commerce.

Ces pays souffrent aussi de difficultés au niveau de la gouvernance bancaire et de la gouvernance des entreprises. Une contrainte majeure à la facilitation du commerce. En effet, le manque d'informations à la disposition des banques pour cerner les risques des projets, l'insuffisance des moyens concernant les centrales des risques et les commissions bancaires, la structure familiale des entreprises en Afrique du Nord (refus des risques et de la transparence, confusion de l'innovation avec l'opportunisme, renfermement ), sont autant de difficultés qui font blocage à l'instauration de bonnes relations entre les banques et les entreprises, notamment les PME faiblement capitalisées.

A ce niveau, il a été signalé que les banques ont une préférence pour le découvert, plus rémunérateur et plus facile à interrompre unilatéralement que le crédit.

Avec à la clé 3 moyens de financement des PME et des jeunes entrepreneurs qui se développent en Afrique du Nord. Il s'agit du microcédit (le Maroc est le leader régional en la matière suivi de l'Egypte), du capital risque détourné souvent de sa vocation initiale,
à savoir le financement des start-up et le crédit-bail.

En guise de recommandations pour le développement du commerce entre les pays d'Afrique du Nord, les intervenants ont insisté sur l'harmonisation, non pas uniquement du dispositif réglementaire mais aussi des systèmes de paiement. La création des institutions financières régionales n'est pas en reste. C'est d'ailleurs l'esprit de la future Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur qui aura pour objectif le financement des projets agricoles et industriels d'intérêt commun pour les pays de l'UMA, la mobilisation des investissements pour d'autres projets réalisables et la promotion du commerce et des accords de paiement.

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L'Etat, juge et partie

La réglementation bancaire est souvent jugée peu claire, ambiguë et difficile à mettre en œuvre. En outre, les documents transmis par les banques permettent difficilement d'évaluer la véritable qualité des portefeuilles détenus. S'agissant des départements de la supervision bancaire, ils manquent pour la plupart de moyens (notamment humains) et doivent évoluer. D'où la nécessité de mettre à niveau les autorités de contrôle. A ce titre se pose, d'ailleurs, le problème d'indépendance des autorités de contrôle et de régulation.

REPÈRES
Recommandations
> Accélérer le désengagement de l'Etat du secteur bancaire dans les pays comme l'Algérie, la Libye et la Mauritanie ;
> Augmenter la part des crédits octroyés au secteur privé (Algérie, Libye, Mauritanie & Soudan) ;
> Assainir les bilans des banques des crédits accrochés qui demeurent persistants en dépit des efforts accomplis (Algérie, Egypte, Libye et Tunisie) ;
> Accélérer le processus de restructuration et de modernisation des moyens de paiement ;
> Renforcer la compétitivité et la rentabilité des banques en incitant les autorités publiques de ces pays à encourager les opérations de fusion et d'acquisition ;
> Réduire les inefficacités d'échelle en augmentant la taille des entités bancaires grâce aux opérations de fusion.
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