Mondial de l'Automobile 2006

La violence persiste à Bagdad

Malgré le lancement du plan de sécurité

19 Février 2007 À 16:08

Les habitants de Bagdad ont été rappelés, dimanche, à la violente réalité de leur ville avec la mort d'au moins 65 personnes dans différentes attaques, dont un double attentat, quatre jours seulement après le lancement officiel du plan de sécurité irako-américain.

"Où est passée la sécurité?", s'interrogeaient en larmes les proches de personnes touchées par ce double attentat à la voiture piégée, devant un hôpital du centre où les corps de 42 victimes venaient d'être amenés, en milieu d'après-midi.

Une source de cet hôpital, le Kindi, a indiqué qu'au moins dix enfants âgés de cinq à dix ans se trouvaient parmi les morts. La double attaque s'est produite dans un quartier majoritairement chiite de l'est de la ville, Bagdad Jadida (Nouveau Bagdad) et a fait au moins 60 morts et 131 blessés, selon un bilan communiqué en début de soirée par les services de sécurité.

Les deux voitures étaient distantes de 20 mètres l'une de l'autre. La première a explosé au milieu d'un marché, la seconde près d'un magasin de fournitures électriques, presque simultanément. Peu après, des habitants pouvaient être vus cherchant les corps de leurs proches parmi les étals du marché, sens dessus dessous après les explosions.

Vers 15h00, un kamikaze a par ailleurs lancé sa voiture piégée sur un poste de contrôle tenu par des commandos du ministère de l'Intérieur dans le vaste quartier chiite de Sadr City (est), bastion de l'armée du Mahdi, la milice du chef chiite radical Moqtada Sadr, tuant un policier et un civil. Onze personnes ont en outre été blessées. En début de matinée, un tireur embusqué avait tué trois passants dans une rue du quartier central de Fadhel.

Le double attentat de Bagdad Jadida s'est produit alors que l'armée américaine avait noté une baisse des violences depuis le lancement du plan de sécurité. "Depuis le début de l'opération, le nombre d'attaques dans la capitale irakienne a diminué", a déclaré dimanche son porte-parole à Bagdad, le lieutenant-colonel Scott Bleichwehl.

Le général dirigeant les opérations côté irakien, Abboud Gambar, a également exprimé son optimisme : "Je veux dire au peuple de Bagdad que la sécurité arrive. Nous allons chasser les terroristes", a-t-il déclaré à la presse, convoquée près d'un des multiples postes de contrôle de la ville.

A ses côtés, le secrétaire d'Etat à la Sécurité nationale, Chirwan al-Waili, a affirmé que les gens étaient "heureux" et que des commerces fermés par l'insécurité avaient rouvert.

Il a ajouté prudemment que "le plan de sécurité prendra du temps, car les terroristes ont une stratégie" à long terme.
Les autorités irakiennes ont lancé officiellement le plan "Faire respecter la loi" (Fardh al-Qanoon) mercredi.

Ce plan irako-américain a entraîné, depuis une dizaine de jours, la multiplication des ratissages et l'installation de nombreux postes de contrôle.

Bagdad, où quelque 17.000 personnes ont péri dans des violences confessionnelles en 2006 selon l'Onu, est touchée quotidiennement par des attentats. La chance était du côté de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice samedi, pour sa visite surprise de quelques heures à Bagdad, qui n'a pas été frappée ce jour-là par trop de violences.

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Pression sur Bush

Les démocrates américains comptent maintenir la pression sur le dossier irakien malgré leur échec à obtenir un débat au Sénat samedi, ont assuré dimanche plusieurs sénateurs en évoquant une limitation du feu vert donné à George W. Bush pour recourir à la force en Irak.

"Nous sommes résolus à changer de politique en Irak et convaincus que l'idée du gouvernement d'approfondir notre engagement militaire en envoyant plus de 21.000 hommes en Irak est une erreur", a assuré Carl Levin, président de la commission du Sénat sur les forces armées, sur la chaîne de télévision Fox News.
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