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El Jadida : Mazagao, la cité portugaise entre rêves et réalité

Pour une protection plus efficace du patrimoine culturel

18 Février 2007 À 12:21

La cité portugaise, la place forte de Mazagao, ancienne ville d'El Jadida, est un bijou architectural inestimable. C'est une fortification chrétienne du XVIe siècle, qui deviendra après sa libération en 1769 un symbole de tolérance et de cohabitation parfaite des trois religions monothéistes dans une terre d'Islam. Et au lieu d'exploiter intelligemment ce riche patrimoine architectural, on le confie aux bourreaux de l'indifférence totale.

Mazagao s'est élevée probablement sur l'emplacement d'un ancien comptoir phénicien fondé au milieu du Ve siècle avant Jésus-Christ et qui est connu sous le nom de "Portus Rusibis". Au début du XVIe siècle (1502-1503), les Portugais s'installèrent sur un petit château en ruine, appelé "Borj Cheikh". Entre 1502 et 1513, ils ont décidé de construire Castello Real (château de Mazagao) à l'emplacement de l'actuelle citerne.

Ce n'est peut-être qu'en 1514 que la construction d'une muraille externe à tours saillantes devint une nécessité. Les travaux de construction de "Mazagao" ont été dirigés par les architectes portugais Francisco et Diego de Arruda et l'Italien Benedetto di Ravenna.

La forteresse fut isolée de la terre ferme par un fossé en 1517. Dès 1537, elle devint une vraie petite ville après l'agrandissement de la muraille et l'amélioration des travaux du port, des entrepôts, des magasins et des maisons d'habitation. Mais ce n'est que le 1er août 1541 que Louis de Loreiro, capitaine de la forteresse, fonda officiellement la ville au nom du roi du Portugal. Une année plus tard, la cité était totalement refaite avec un aspect proche de l'actuel.

La cité portugaise a pris plus d'un nom. Elle s'appelait Portus Rusibis, Mazighane, Borj Cheikh, Mazagao, El Jadida (nom donné à cette ville par le Sultan Sidi Abderrahmane), Mazagan (pendant le protectorat français) et enfin El Jadida (nom re-attribué depuis l'Indépendance).
Mazagao ou El Jadida, patrimoine architectural et culturel inestimable, a pu être protégé par nos ancêtres, grâce à leur savoir-faire et à leur désir de préserver ces lieux.

Leur souci s'articulait essentiellement autour d'un seul objectif : perpétuer l'histoire car un peuple qui ne vénère pas son histoire et son passé n'aura guère de racines et sa mémoire collective sera défaillante.

Ainsi, indépendamment de ses origines portugaises, cette cité a le mérite d'être sauvegardée vu qu'elle représente aussi un livre ouvert de notre histoire glorieuse.

Par ailleurs, et comme l'a si bien noté Robert Letan en 1996 dans l'un de ses ouvrages : "convaincu que le Maroc a maintenant, plus que jamais, besoin de la reconnaissance de son passé, avec ses ombres et ses lumières, je souhaite que les nouvelles générations marocaines découvrent les raisons de contribuer à sauver de l'oubli les cités antiques et les manuscrits ignorés.

Ainsi, en est-il de l'antique forteresse de Mazagan qui est tout autre chose que la citerne portugaise de guides touristiques médiocres… dont l'histoire n'est pas à occulter parce que ce ne sont pas les Marocains qui l'ont construite. Si les Portugais l'ont faite si solide, n'oublions pas que c'était pour venir s'y réfugier. Ainsi considéré, ce monument est plus à la gloire du Maroc qu'à celle du Portugal… Les Marocains sont, à juste titre, très fiers de leur pays, il ne doit pas être difficile de les rendre soucieux de protéger ce patrimoine pour peu qu'ils soient informés de ce qu'il représente".
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Concrétiser la Vision 2010

Dans le cadre du plan Azur qui se fixe l'objectif de 10 millions de touristes à l'horizon 2010, la station touristique Mazagan sera construite à El Haouzia, au nord-ouest d'El Jadida, sur une superficie d'environ 500 ha.

Elle disposera à terme d'une capacité globale de 8.000 lits, répartis en unités hôtelières (3.900 lits) et de l'immobilier (4.100 lits). Elle comprendra aussi des équipements d'animation dont 2 golfs de 18 trous, 2 lagons paysagers avec jeux d'eau, un centre de congrès, une académie des sports ainsi que d'autres infrastructures. Les travaux de réalisation de cette station sont prévus au mois d'avril 2007.

En conséquence, lorsque, dans le cadre de la première phase du projet, deux unités hôtelières (1.200 lits) seront réalisées, le touriste sera donc à la quête d'un coin pittoresque où il passera de bons moments. Il aimerait bien visiter des sites et des monuments historiques et non se contenter des plages sublimes d'El Jadida.

Il aimerait aussi découvrir les traces d'une histoire riche et variée. Evidemment, El Jadida dispose de tous les atouts qui peuvent l'enchanter et l'intéresser.

Malheureusement, la cité portugaise n'est pas dotée d'infrastructures touristiques : ni hôtel, ni café, ni lieu de loisir à part un seul restaurant. Ce qui prouve qu'à El Jadida, on n'a pas encore saisi que Mazagao, cité portugaise, pourrait être, grâce à la station touristique Mazagan, l'un des maillons essentiels pour concrétiser la Vision 2010.
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