Spécial Marche verte

Le social sur les rails

Longtemps assimilé au Makhzen, le travail de la société civile
se fraie petit à petit un chemin

18 Février 2007 À 12:05

«Dorénavant, quand on parle d'Al Hoceïma, il faut préciser si c'est celle d'avant ou d'après le séisme, parce qu'entre les deux, il n'y a pas photo", souligne Imad Attabi, jeune président de l'Association Tamassint pour le sport, la culture et le développement. Selon ce champion du Maroc en décathlon en 2006, les habitants de la région n'avaient pas confiance dans le travail social. "Un parti pris qui a commencé à changer grâce au bon travail de la société civile après le séisme", explique son camarade, Mounaïm El Azzouzi.

En effet, un grand effort a été fourni dans le domaine social. Selon plusieurs acteurs sociaux, la région a été livrée à elle-même à ce niveau. Traditions et coutumes très conservatrices de la région aidant, le travail social a été très limité, voire inexistant. "Toutes les sociétés ont été taxées de leur appartenance au Makhzen", souligne des acteurs sociaux. Aucun encadrement ni gestion n'ont été accordés. "Le séisme a eu un effet très favorable sur la femme rifaine.

Il l'a fait sortir de son foyer", avance Najat Bouamoud, directrice du flambant neuf complexe culturel d'Al Hoceïma. Selon elle, plusieurs associations féminines ont vu le jour et elles sont en train de jouer un rôle majeur dans le développement du statut de la femme rifaine, surtout en matière de l'alphabétisation.

"Je connais des femmes âgées qui n'ont jamais raté une seule séance des cours d'alphabétisation. Preuve indéniable d'une grande soif d'apprendre, de s'ouvrir sur le monde extérieur et de participer au développement du pays", ajoute la directrice.

Le complexe culturel, qui a été inauguré en juillet dernier, connaît un grand engouement de la part des jeunes. Selon la directrice, outre les activités culturelles, les tables rondes, la bibliothèque, les salles de lecture et de danse et le théâtre, ce sont le sport et Internet qui intéressent plus les jeunes. "Ce complexe est un grand gain pour la jeunesse de la région qui a beaucoup souffert de l'inexistence d'infrastructures et d'espaces qui lui sont dédiés", se réjouit un jeune.
A Dar Al fatat (La Maison de la fille), inaugurée en décembre 2006, l'ambiance est assez bon enfant.

Trente-deux filles issues du milieu rurale, âgées entre 13 et 22 ans, ont élu domicile dans cette nouvelle structure d'une capacité de 80 lits. Pour elles, c'est une véritable aubaine qui va leur permettre de poursuivre leurs études. Issues de milieux modestes et trouvant, pour la plupart d'entre elles, d'inimaginables problèmes dans le logement, certaines étaient même sur le point de quitter l'école.

"Les conditions de logement dans mon ex-internat étaient lamentables. Imaginez que nous étions sommées de quitter les lieux à huit heures du matin même si nous avons une demi-journée libre. Où est-ce qu'ils voulaient qu'on parte", se demande cette jeune fille de 18 ans, à la limite de la colère.

A présent, les pensionnaires avouent avoir plus que ce qu'elles n'ont espéré. Chambres neuves, lits douillets, salles de lecture et d'Internet et salle de télévision pour la détente. "C'est une véritable avancée dans le domaine social que nous sommes en train de vivre au niveau de la région. Plusieurs autres projets ont également été lancés notamment le Centre des sourds-muets ou celui de la femme qui seront inaugurés prochainement", expliquent Louisa Lemrabet, directrice de la Maison de la fille et Nadia Naboulsi, directrice de Massirate annour pour le développement et l'alphabétisation (Amada), l'association qui gère la maison.
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Apport de la Fondation Mohammed V

Au lendemain du séisme qui a ébranlé la région d'Al Hoceïma, plusieurs projets à caractère social ont été initiés, dans trois communes urbaines et six autres rurales, par la Fondation MohammedV pour la Solidarité, et ce, afin de développer le tissu associatif dans la région et de permettre à la société civile d'opérer dans des circonstances convenables.

A Al Hoceïma, outre le Complexe socioculturel et la Maison de la fille, plusieurs centres sociaux ont vu le jour.
Il s'agit, entre autres, du Centre des sourds-muets dont le montant d'investissement s'élève à 1,5 million de DH et du Centre féminin et du Centre d'écoute (2,03 millions de DH).

D'autres projets sont en cours de réalisation notamment l'Institut de formation en carrière de santé et centre des handicapés dont le coût se chiffre à neuf millions de DH (90%) et le centre d'oncologie dont la contribution de la Fondation s'élève à cinq millions de DH.

Dans la commune d'Imzouren, un complexe socioculturel et sportif (1,6 million de DH) et un foyer de jeunes filles (2,1 million de DH) ont été inaugurés.

D'autres centres féminins, socioculturels, de santé avec module d'accouchement ont été réalisés aux communes de Bni Bouayach, Louta, Aït Kamra, Rouadi, Chakran….

Le montant total des investissements de la Fondation s'élève à 83,08 millions de DH.
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