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Le Maroc fait appel à l'expertise de l'UNESCO

Absence d'un programme adapté aux besoins des détenus

16 Février 2007 À 16:32

Le Maroc a encore un long chemin à parcourir pour promouvoir l'éducation en milieu carcéral. Jusqu'à présent, il n'existe pas un programme adapté aux besoins des détenus. C'est pour cette raison que le ministère de l'Education nationale a fait appel à Marc De Mayer, expert auprès de l'Institut international de l'UNESCO à Hambourg en Allemagne sur " l'éducation en milieu carcéral ", en visite au Maroc depuis lundi dernier.

Assia El Ouadie, membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus explique qu'il est on ne peut plus urgent de s'atteler à la tâche : "Nous avons dépassé toutes les difficultés relatives à la formation professionnelle dans les centres pénitentiaires. C'est au niveau de l'éducation que plusieurs problèmes se posent".
Nombreux sont les obstacles. En effet, la population carcérale est tellement "mobile" qu'il s'avère difficile d'adapter les programmes aux besoins des bénéficiaires. Assia El Ouadie estime que les détenus ne sont pas assez sensibilisés quant à la haute importance de l'éducation. En outre, le ministère de tutelle n'accorde pas un intérêt particulier à ce sujet.

Depuis deux ans seulement, le dossier a été ouvert en partenariat avec la direction des établissements pénitentiaires. Un groupe restreint de différents ministères travaillait sur la planification des services au profit des prisonniers. Aussi a-t-on commencé à leur apporter quelques soulagements (les manuels scolaires, le matériel de sport…) Vite, on s'est rendu compte que la question n'était pas si simple.

"Nous avons constaté que les choses ne sont pas simples, à cause de la durée de détention, de l'âge des prisonniers et de leur milieu. Nous avons compris qu'ils ne pouvaient pas recevoir la même éducation.
C'est un dossier qu'on n'arrive pas à réussir. Nous avons envie que l'effort reste ponctuel et formel", signale Jamal Khellaf, directeur de l'évaluation, de l'organisation de la vie scolaire et des formations interacadémiques. L'idée à l'heure actuelle est de pouvoir planifier les actions pour répondre aux attentes de la jeunesse en milieu carcéral.

Au Maroc, il existe certes des experts spécialisés dans des domaines bien particuliers. Mais le pays ne dispose pas d'un spécialiste qui maîtrise la problématique dans sa globalité. Aussi, la nécessité de faire appel à un expert international s'est faite sentir.
Les responsables de l'UNESCO au Maroc pensent que le sujet est extrêmement compliqué, car il cumule différentes sortes de niveaux de difficulté.

Nombreuses sont les questions à poser : "Pourquoi attendre de l'éducation en milieu carcéral le même résultat que celle en milieu externe ? Comment donner le goût d'apprendre à ces jeunes adultes ? Comment organiser l'éducation pour tous?". Ces interrogations semblent récentes dans l'esprit des décideurs, alors que l'éducation est un droit fondamental et constitue une condition nécessaire à un développement humain équitable et durable, qu'elle soit en milieu externe ou carcéral.

Marc De Mayer indique que l'éducation dans les centres pénitentiaires a les mêmes exigences que celle dans des écoles externes : "La responsabilité de s'occuper des prisons incombe à l'Etat. Il ne s'agit pas de soutraiter l'éducation en prison. Il faut bien préparer la sorite des prisonniers".
Le Maroc entame, donc, un nouveau chantier qu'il compte réussir progressivement. L'enjeu est de taille !
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Recommandations

Après avoir visité bon nombre d'établissements pénitentiaires au Maroc, l'expert de l'UNESCO propose d'entamer une série de mesures.
Il s'agit en premier lieu de construire des bibliothèques dans tous les centres de détention, pour qu'elles soient un espace de rencontre et d'échanges entre les éducateurs et les détenus.

Ces derniers pourraient même recevoir les visiteurs dans les bibliothèques. L'expert de l'UNESCO explique que le plus important n'est pas d'instruire les prisonniers, mais de les amener à se préparer, eux-mêmes, à leur propre réinsertion sociale.

Les éducateurs sont appelés à s'imprégner de cette logique d'humanisation pour faciliter l'échange des expériences, rendre la vie des détenus moins pénible et favoriser, ainsi, l'éducation.
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