Salon international de l'agriculture de Meknès

Eviter la plongée en apnée

Le plan de l'ONP entend prendre le large

15 Février 2007 À 15:18

Les grandes lignes du Plan d'orientation stratégique de l'Office national des pêches (ONP) pour la période 2006/2010 ont été au centre du Conseil d'administration de l'Office tenu, mercredi dernier, sous la présidence du Premier ministre, Driss Jettou.

Ce plan, qui porte sur un investissement global de 762 MDH (millions de dirhams), accorde une place de choix à la transformation des produits de la mer selon les exigences de nouveaux marchés particulièrement porteurs à l'export essentiellement en Europe et en Amérique. Plus de 6 MMDH (milliards de dirhams) de recettes additionnelles à l'export et 64.000 nouveaux emplois seraient créés à l'horizon 2018.

Certes, ce programme devrait donner le tonus nécessaire à l'ensemble des branches relevant du secteur. Reste que sa viabilité dépend de la restructuration de l'amont du secteur pour assurer l'approvisionnement en quantité et en qualité des industries attendues. Le partenariat de nouvelle génération, conclu avec l'UE, s'inscrit dans ce sens puisqu'il privilégie le transfert technologique et l'aide à la mise à niveau du secteur.

Selon le directeur général de l'ONP, Majid El Ghaib, au terme de cette stratégie, 71 % des investissements prévus par l'Office sont consacrés à la mise à niveau des infrastructures de commercialisation, notamment la construction d'une nouvelle génération de halles au poisson au niveau des ports, l'implantation, en partenariat avec les collectivités locales, d'un réseau de 10 marchés au gros à travers le Royaume, ainsi que l'encadrement et le développement de la pêche artisanale à travers la construction de villages de pêche.

Il ressort également des chiffres que 22 % de l'investissement de la période quinquennale (165 MDH) sera consacré aux programmes d'appui au développement du secteur, portant principalement sur le programme de modernisation de la flotte de pêche côtière et artisanale et des moyens de manutention, ainsi que sur la mise en place de mécanismes de financement spécifiques au secteur, alors que 7% du montant global (55 MDH) sera alloué à la modernisation de l'administration ONP, plus particulièrement aux actions liées à la régionalisation et à la décentralisation.

Pour ce qui est du plan d'action 2007 et les budgets y afférents, à savoir le budget d'investissement (352 MDH) et le budget d'exploitation (187 MDH), l'ONP consacrera 352 MDH à la réalisation des infrastructures de commercialisation. Ce programme porte essentiellement sur la construction de huit nouvelles halles à Tanger, à Larache, à Mehdia, à Mohammedia, à Safi, à Agadir et à Dakhla, outre celles de Laâyoune et de Tarfaya actuellement en cours d'achèvement, a expliqué M. El Ghaib.

Ce programme vise une plus grande valorisation des produits et une amélioration continue de la compétitivité de la filière, a-t-il souligné ajoutant que l'année 2007 verra la réalisation des marchés au gros de poisson de Casablanca, de Tanger, d'Oujda et de Fès.

Le plan d'action 2007 prévoit également l'appui à la modernisation de la flotte de pêche côtière avec la mise en place d'un fonds de garantie spécifique au secteur, afin de faciliter l'accès des armateurs au crédit bancaire ainsi que la mise en œuvre d'un fonds d'encouragement à l'innovation.

Il est également prévu que l'Office entame une nouvelle phase de déploiement de son système d'information avec la généralisation de la criée électronique à l'ensemble des halles du Royaume. Ce nouveau dispositif permettra une plus grande célérité et transparence des transactions commerciales.

La valorisation des produits de la mer constitue également un des axes du programme Emergence. Le gisement halieutique national insuffisamment développé, eu égard à sa richesse et à sa diversification, offre une marge de rattrapage considérable en terme de création de valeur ajoutée, d'emploi et de devises. Actuellement, cette contribution en devises s'établit à moins de 9 MMDH (4 fois moins que les recettes MRE) alors que le pays dispose de 3.500 km de côtes à la fois atlantique et méditerranéenne.

Cela étant, à noter que, malgré son important potentiel de développement sectoriel et régional, la pêche artisanale, avec 154 sites de pêche artisanale recensés le long du littoral, est caractérisée par l'éparpillement géographique des communautés de pêcheurs, l'enclavement, le manque d'hygiène et de salubrité ainsi que par des conditions de vie et de travail précaires.

A cela s'ajoutent le manque d'infrastructures et d'encadrement appropriés favorisant, par défaut, le développement de circuits informels, nuisibles aussi bien à la ressource qu'au développement socio-économique des régions, des collectivités et des populations concernées par cette activité de pêche. Voilà pourquoi, la démarche dédiée à cette activité, consiste en la mise en œuvre des plans d'aménagement de la pêcherie poulpière, allouant des quotas spécifiques à chaque segment de pêche, y compris la pêche artisanale. Objectifs : restructurer et encadrer la filière pêche artisanale.

En filigrane, il s'agit aussi de créer des pôles de développement régional intégré et accroître la contribution de la pêche artisanale au développement sectoriel.

L'accent est également mis sur la nécessité de réguler et maîtriser l'effort de pêche, tout en intégrant les circuits de commercialisation.
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Faible niveau des tonnages débarqués

La situation du secteur de la pêche reste caractérisée par un faible niveau des tonnages débarqués.

A fin novembre 2006, la production de la pêche côtière et artisanale a baissé de 16,2%, en volume, en comparaison avec la même période de l'année précédente, sous l'effet d'une régression des débarquements de la sardine.

Toutefois, la valeur commerciale des captures s'est accrue de 3%, en glissement annuel, en raison notamment, de l'importance des débarquements de l'espadon au niveau du port de Tanger et à l'amélioration du prix moyen de la sardine. Au cours des onze premiers mois de l'année 2006, la destination pour l'industrie de conserve a affiché une hausse de 21,2%, constituée principalement de la sardine.

Plus de 52% des débarquements de la pêche côtière sont destinés à la consommation locale, soit 13 points de plus, en comparaison avec la même période de l'année précédente.

A l'inverse, la destination "farine et huile de poisson" a chuté de 57,7%, avec une part de 19,8% du total des débarquements de la pêche côtière et artisanale. Quant à la congélation, elle a absorbé une faible quantité de la production totale (5,7%), soit une baisse de 15,3%, en variation annuelle.
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