L'humain au centre de l'action future

El Bekay à Venise Cadre

Le jeu de la vie et de la mort inspire son travail

13 Février 2007 À 15:17

«Tourab», c'est le titre qu'a choisi l'artiste peintre Khalid El Bekay pour sa nouvelle exposition, tenue du 15 février au 6 mars à la galerie casablancaise Venise Cadre. Cet intitulé arabe renvoie immédiatement à la source d'inspiration de l'artiste : la terre nourricière. Profondément fasciné par la vie et la mort qui cohabitent dans les entrailles de la terre, il reproduit sur ses surfaces blanches les représentations de cet éternel jeu.

Les toiles d'El Bekay interpellent dès le premier abord par leur fraîcheur. L'impression de «naïveté» qui s'en dégage vous pousse à chercher plus loin, plus profondément… pour découvrir l'essence de son travail. Les couleurs vives : rouge et jaune vous éclairent dans cette introspection de la toile. Le blanc et le noir viennent équilibrer cette composition chromatique. Quand le rouge révèle des fruits mûrs, bien ronds et débordant de vie, le noir rappelle le destin irrémédiable qui traque leur épanouissement.

Dans une sorte de lucidité picturale, El Bekay n'oublie pas le manichéisme de l'existence. La vie sous son pinceau prend plusieurs formes, plusieurs aspects… mais les fruits sont son «objet» de prédilection. En plus des pommes, on retrouve des poires au jaune éclatant. L'univers de représentation de cet artiste ne s'éloigne pas de la vie de tous les jours.

Tasses blanches au café noir, carreaux de faïence de cuisine bleus ou jaunes… l'artiste ne se prend pas trop la tête, ne se complique pas la vie pour inventer de nouvelles formes, c'est désormais son empreinte, sa signature reconnaissable. C'est devenu une sorte d'identité picturale.

Le relief chez El Bekay vient avec la technique. C'est une version de collage «personnelle» qu'il a adopté pour exalter ses couleurs et ses formes. Ses toiles et installations se construisent tels des puzzles chromatiques.

C'est sa façon à lui de créer et d'affubler son travail de profondeur. La couleur n'est jamais «plate» chez El Bekay. Il la récrée, l'exalte, la métamorphose à coups de pinceau et de ciseaux. Il superpose papiers, plans et couleurs pour dynamiser l'ensemble. C'est un idéaliste, un gourmand, un amateur de faste… la couleur dans son aspect premier ne lui suffit pas, alors il varie les tons et les «érige» en niveaux, plusieurs niveaux. Sa motivation: conférer aux différentes teintes plus de vie et de tonicité.

L'artiste n'hésite pas à peindre en volume. Les différentes couches de papier et de couleurs qui cohabitent sur ses surfaces confortent dans ce sentiment tenace qu'on ressent devant ses travaux: cette «fausse» simplicité en cache bien une profondeur bien réelle. Les orgies colorées semblent le séduire et guider sa démarche créative, ses tableaux en sont l'expression éloquente.

Quant à ses installations qu'il intitule, ingénieusement «fenêtres», elles s'élèvent en hauteur, fières et aussi colorées. Parallélépipèdes, ces figures avec leurs facettes multiples s'offrent au regard comme des indicateurs de sagesse. La vie n'a-t-elle pas plusieurs visages ? D'un côté, rouge flamboyant, d'un autre jaune éclatant, sur cette face un blanc vierge, sur l'autre une couleur mouchetée… les installations d'El Bekay ont un air d'obélisque, surtout avec les calligraphies (arabes ?!) qui viennent les décorer.

L'artiste est-il conscient de cette influence pharaonique ? En tout cas, ses installations aux techniques mixtes se présentent comme des lucarnes ouvertes, des possibilités nouvelles d'autres regards, d'autres visions.

Biographie


Né en 1966 à Casablanca, Khalid El Bekay part après son baccalauréat en poche à Tétouan.
Il y décroche, en 1990, son diplôme de l'Institut supérieur des Beaux arts. L'âme voyageuse, il reprend la route, cette fois pour Barcelone, où il soutient une licence en beaux-arts, section gravure.

Succombant au charme de la capitale catalane, il s'y installe et s'y confirme comme l'uns des plus talentueux et réputés artistes de la rive sud-méditerranéenne.
Sa démarche exceptionnelle lui a valu la reconnaissance et l'estime du public et des critiques.

Ses travaux sont régulièrement exposés dans les galeries espagnoles.

REPÈRES
Principales Expositions

> 2006 : «Pause», galerie Mohamed El Fassi, Rabat
> 2005 : V.E.R.D, Torre Vella, Salou, Tarragone, Espagne
> 2004 : El color del verde, centre contemporain Piramidon, Barcelone.
> 2003 : Carrefour des arts, Casablanca
> 2002 : Rosso, giallo, e nero et verde, galerie Il Torchio, Milan
> 2001 : Galerie Art Nau, Girone, Espagne, galerie Carme Espinet, Barcelone
> 2000 : Galerie Dean, Valence
> 1999 : galerie Jorge Albero, Madrid
> 1998 : galerie Artnau, Girone,
> 1996 : galerie Art box, Barcelone
> 1995 : galerie Epai blanc, Barcelone
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