Fête du Trône 2006

La rencontre avec El Gahs n'a pas eu lieu

Le congrès de la jeunesse, la goutte qui a fait déborder le vase

12 Février 2007 À 16:44

La rencontre qui devait réunir Mohamed El Gahs, ex-membre du bureau politique de l'USFP, Mohamed El Yazghi, son premier secrétaire général et Driss Lachgar, président du groupe parlementaire, n'a finalement pas eu lieu. Selon des sources proches du dossier, le secrétaire général du parti s'est contenté d'appeler le démissionnaire au téléphone. Il lui a, également, envoyé une lettre dans laquelle il l'invite à rallier le bureau politique. Sans plus.
Certains y voient une approbation sous-jacente de la décision du secrétaire d'Etat à la Jeunesse. Une sorte de fuite en avant pour se débarrasser d'un élément perturbateur.

Fini la lune de miel, qui durait depuis 1993, entre M. El Gahs et M. El Yazghi. Dans un acte œdipien, le "chouchou" du secrétaire général du parti s'est retourné contre son mentor. Pour la petite histoire, les prémices du mécontentement ont commencé lorsque Gahs a démissionné de son poste de directeur (atypique) de la rédaction du quotidien Libération.

Un matin, l'éditorial "politis" est sorti blanc en signe de refus des décisions qui se prenaient à la direction du parti notamment concernant le journal. Plusieurs journalistes le suivront dans son acte.

Ce virage a été senti juste après les élections de 2002. A ce moment, M.El Gahs a commencé à croire à l'idéologie du jeunisme. Ayant le soutien de l'Etat en tant que ministre et le pouvoir au sein du parti, il a investi la Chabiba. Pour un ancien leader de celle-ci, "elle est le plus grand secteur au sein de l'USFP". Vient ensuite l'époque où Soufiane Khaïrate a démissionné de la Jeunesse pour raison d'étude en octobre 2004. Lui a succédé Hassan Tarik qui était son adjoint. Avec M.El Gahs, ce dernier constituait un duo inséparable. Il est, notamment, membre de son cabinet.

Le ministre n'a encore rien perdu de son poids au sein de la chabiba. Mais subitement, les choses vont prendre une autre tournure. Ne pouvant plus ménager la confrontation qui prenait forme entre deux listes à la veille du 7e congrès de la Chabiba, tenu en janvier, H. Tarik a jeté l'éponge. Il a alors présenté sa démission. Mohamed Ghoudane lui succède. Certains responsables du parti diront qu'il a été parachuté par Driss Lachgar, l'homme fort du parti. Mais la plupart pensent qu'il a été élu par le comité central à la tête de la Chabiba.

Du coup, M. EL Gahs se retrouve sans assise pour la préparation du congrès. D'autant plus que ses fers de lance au sein de la Jeunesse tels Mustapha Siab, Mohamed Talbi ou Leila El Ouadie se sont retirés du comité central, instance où la tenue du congrès a été décidée. Soufiane Khaïrate, président du congrès, a fait du lobbying pour réintroduire les alliés de Gahs, mais sans beaucoup de réussite. Il a pu au moins faire élire M.Siab à la présidence du congrès. Toutefois, juste après le dépouillement des urnes, ce dernier s'est retiré pour déclarer une liste qui n'aurait rien à voir avec le résultat du vote. Un acte qui lui a valu la suspension de toutes les instances du parti. Une semaine plus tard, M.Gahs présente sa démission du bureau politique.

Le lien de cause à effet, selon les amis même du ministre, est avéré. D'aucuns estiment, par contre, que ce n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. "Cela fait des mois que M.Gahs n'assiste plus aux réunions du bureau politique. Malgré le fait que M. El Yazghi l'y invitait personnellement", affirme-t-on.

Enfin, l'on pense, également, que le jeune ministre essaie de faire du forcing au sein du parti pour qu'il l'accrédite dans une circonscription autre que celle de Sidi Bernoussi, où sa popularité est en baisse. Sa démission du bureau politique serait-elle une première étape pour un retrait définitif du parti? Ceux qui le connaissent pensent que l'homme est trop intelligent pour faire un
tel pas. Wait and see…
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Guerre des idées

Cela fait des mois que le bureau politique de l'USFP n'apprécie guerre les sorties médiatiques de Mohamed El Gahs.

Par presse interposée, il s'en est pris, à maintes reprises, aux plus hauts responsables au sein de l'USFP. Sous les feux de la rampe, le jeune secrétaire d'Etat à la Jeunesse s'est distingué par ses idées révolutionnaires, profitant d'abord à son département. Cela ne l'a pas empêché de critiquer la gestion interne, ainsi que les choix idéologiques de son parti.

Ses idées commencent à inquiéter les caciques de l'USFP, surtout en cette période de positionnement électoral. La démission reste un coup dur pour un parti qui s'ouvre à de nouvelles recrues.
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