Spécial Marche verte

Quand la société civile s'en mêle

A quelques kilomètres des autres, des enfants étudient dans de vraies classes

08 Février 2007 À 15:26

Si, dans les écoles citées précédemment, la situation était désastreuse, dans la même région, il en existe heureusement certaines mieux loties. Et l'intervention de la société civile, notamment des parents et des instituteurs, y est pour beaucoup.
L'école Mellalka, située à 30 km de Settat en est la preuve. Il y a à peine trois ans, cet établissement n'avait ni eau, ni toilettes, ni cantine pour accueillir les enfants.

Les classes étaient dans un piteux état et les toits laissaient passer la pluie, exposant les enfants au froid et aux maladies. Mais très vite, les instituteurs ont décidé de prendre les choses en mains. Ainsi, l'association Ecole Soleterre a vu le jour en 2004 grâce à la mobilisation des enseignants de la région de Beni Meskine.

Leurs objectifs: améliorer les écoles dans le milieu rural et sensibiliser les parents sur la scolarisation des petites filles. "Au départ, la commune nous avait promis de réaménager l'école, mais très vite nous nous sommes rendus compte qu'il n'y avait aucune volonté. Donc, nous nous sommes rassemblées pour mettre tout en œuvre pour que notre école soit un modèle dans la région", explique Hicham Latif, enseignant dans cette école depuis 1997 et trésorier de l'association locale.

Leur première action a consisté en l'achat de fournitures scolaires pour les enfants démunis. Ensuite, grâce à l'intervention de l'association italienne Soleterre et aux apports financiers des immigrés, l'école a pu être réaménagée. Les fenêtres cassées ont pu être remplacées. La cour de récréation s'est convertie en un joli jardin où sont plantés des oliviers… Des actions de sensibilisation et des animations sont régulièrement organisées. Du coup, les 71 élèves de l'école ont vu leurs conditions nettement améliorées.

Cependant, plusieurs choses restent encore en suspens, notamment l'électricité. Un poteau électrique est bien collé à l'école, mais celle-ci n'a toujours pas de courant… " On ne comprend pas pourquoi la commune refuse de nous raccorder au réseau électrique. Mais nous comptons y remédier bientôt ", affirme Hicham Latif.

Un autre exemple où l'intervention des associations se fait sentir, c'est l'école Ouled Attou, située à Beni Khloug. C'est une école mère qui regroupe deux annexes, avec 15 enseignants et accueille au total 373 élèves dont 42% sont des filles. "Dans l'école mère, nous avons 232 élèves. Il y a 5 classes de huit niveaux, une cantine, deux blocs de toilettes fille/garçon. 8 enseignants assurent les cours ", explique le directeur Omari Mustapha.

Avant l'intervention de Soleterre, l'école manquait cruellement de moyens. Mais aujourd'hui, plusieurs travaux ont été entrepris et d'autres sont encore en cours. Désormais, l'établissement a des toilettes séparées en bonne et due forme. Il y a l'eau et l'électricité. Les fenêtres ont été réparées. Une vieille salle abandonnée jusque-là a été réaménagée en cantine où 100 élèves bénéficient des repas. Actuellement, l'école a pour objectif, grâce également à l'aide de l'association des parents, de créer une salle d'informatique et une bibliothèque.

Fort heureusement, quelles que soient les conditions, ces petits ont au moins la chance d'accéder à l'éducation. Ceci étant, s'il fallait rester les bras croisés à attendre que le ministère intervienne, on ne volerait pas bien haut.
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Les actions de Soleterre

"Notre objectif est de travailler avec les associations locales afin de les accompagner pour améliorer les conditions éducatives de leurs enfants. Nous cherchons avant tout à rapprocher les parents de l'école", explique Luca Burinato, responsable de Soleterre au Maroc.

En effet, toutes les actions de Soleterre sont faites de façon à ce que ce soient les populations locales qui améliorent elles-mêmes leur quotidien.

Présente depuis 2002 à Beni Khloug, l'association est intervenue dans 8 écoles. En 2007, 3 autres écoles seront réaménagées.
" Nous impliquerons également 3 autres écoles dans les animations socioéducatives et sportives. Nous comptons d'ailleurs sur la collaboration du Raja et l'Inter de Milan ", souligne Luca.

Un projet de créations de bibliothèques dans 6 écoles est également prévu dans la commune rurale de Guisser. " Notre seul but est de faire comprendre aux enfants que l'école est un lieu agréable où on apprend et où on s'amuse en même temps ", dit-il.
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