Spécial Marche verte

Les ONG féminines montent au créneau

Un cahier de doléances soumis aux autorités publiques

05 Février 2007 À 14:57

La lutte pour l'égalité des sexes a constitué ces dernières années un véritable combat, qui a mis à contribution institutions étatiques et associations féminines. Des lois ont été instaurées et d'autres amendées. Néanmoins, la réforme de la Moudawana a constitué un moment fort dans ce mouvement de libération et d'égalité.

Une fois "arraché", cet acquis nécessitait d'être appliqué, ce qui a constitué un nouveau combat pour les ONG marocaines.
Un vent de changement a effectivement soufflé sur le pays et la situation de la femme s'est vue lentement mais sûrement améliorer.

L'implication effective de l'Etat dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, la circulaire du ministère de la Justice relative aux cellules d'accueil ainsi que l'annonce du projet de loi de la lutte contre la violence à l'égard des femmes de la part du Secrétariat d'Etat à la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées, sont autant de batailles remportées dans ce vaste mouvement.
L'armature juridique n'en est que plus renforcée.

Toutefois, ces actions restent insuffisantes, vu l'ampleur du phénomène de violence et des effets physiques et psychologiques qu'il peut avoir sur la femme, les enfants et la famille tout entière.
Des voix s'élèvent de partout pour appeler à une action plus entreprenante. La Ligue démocratique des droits des femmes, un organisme qui met la femme au centre de son combat, prend la parole et monte au créneau pour formuler une série de doléances.

"Les recommandations proposées sont le résultats de journées d'études que nous avons organisées en collaboration avec nos avocats et nos juristes. Nous avons bien étudiée la situation avant de dresser une liste de revendications ", explique Bouchra Abdou, militante au sein de la Ligue. Ainsi, après avoir noté les avancées qui ont permis l'amélioration du statut de la femme, le secrétariat national de la LDDF émet des réserves quant à l'application des lois instaurées.

"Parmi les premières observations enregistrées, il y a le non respect de la part du Secrétariat d'Etat de la Famille et de l'Enfance et des Personnes handicapes de ses engagements contenus dans le plan opérationnel qui visait à rendre effective la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes", déclare-t-il. S'il est vrai que le Secrétariat d'Etat à la Famille a permis une meilleure médiatisation et une sensibilisation plus efficiente à ce phénomène, qui a été considéré dans sa globalité, la LDDF lui reproche de ne pas avoir tenu tous ses engagements.

"Il s'agissait de la réalisation d'études et de recherches à ce sujet pour permettre aux acteurs dans ce domaine de disposer de données scientifiques précises et exactes, ce qui permettrait à ces acteurs et à leur tête l'Etat, de se rendre compte de l'ampleur de ce phénomène et ainsi de pouvoir en déterminer les formes, les particularités, préciser les tranches les plus touchées. Tout cela dans l'objectif de prendre les mesures à même de prémunir les femmes, d'endiguer ce fléau et de sauver ses victimes ". Un cahier de doléances a déjà été adressé au Secrétariat d'Etat à la Famille, au ministère de la Justice, de l'Intérieur et à la Primature.
En attendant une réponse que la Ligue espère positive, le combat continue.

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Recommandations de la ligue


>La mise en place d'une loi cadre qui répertorie les formes de la violence contre les femmes et la création de tribunaux spécialisés garantissant l'homogénéité des décisions judicaires au niveau pénal par rapport aux sanctions prononcées par les tribunaux familiaux.
> La création d'une unité centrale pour l'assistance des femmes victimes de la violence, dotée d'une équipe de spécialistes dans leur prise en charge.
> La création et le soutien par l'Etat des structures d'accueil des victimes de la violence via une politique de communication de sensibilisation et de prévention.
> Donner des pouvoirs à la police judiciaire pour détenir ou éloigner l'auteur pendant une durée déterminée, de façon à protéger la victime.
> Considérer la prostitution comme une violence contre la femme, qui nécessite des investigations et enquêtes ainsi que la poursuite des réseaux de trafic humain.
> Le refus de considérer la prostitution individuelle comme un libre choix et la nécessité de l'adoption d'une loi qui incrimine le client.
> Elargir le concept du harcèlement sexuel de manière à englober les campagnes publicitaires et de propagande diffusées par la télévision.
> Créer une autorité administrative indépendante chargée de lutter contre l'écoulement des films pornographiques.
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