L'humain au centre de l'action future

«L'ombre du crime» sur 2M

Un thriller à la sauce américaine
C'est le 44e téléfilm produit par la chaîne de Aïn Sebâa (depuis 2004), dans le cadre de son action de soutien à la production nationale. Derrière «L'ombre du crime», on trouve deux jeunes créateurs : le réalis

30 Janvier 2007 À 16:31

Les événements se passent à Marrakech. Dès le début, la couleur est annoncée. C'est un thriller psychologique et le téléspectateur a droit à un cadavre dès la première scène. L'arrivée des deux héros: Youssef et Mourad, commissaire et officier de police, va élucider un peu les choses. C'est la quatrième victime d'un serial-killer qui après avoir étranglé ces pauvres femmes, s'amuse à les maquiller à outrance.

Le mystère qui enveloppe tous ses meurtres finit par exacerber la colère de fougueux Mourad, campé par un Idriss Roukh toujours aussi convainquant. Flirtant avec la caméra de Tahiri, on dirait qu'il se plaisait dans le costume de cet officier passionné et amer. Mohamed Khouyi, qui lui donne la réplique dans le rôle de Youssef, l'ami et le collègue plus modéré et plus posé, essaie d'équilibrer les choses. Les deux personnages se livrent alors à une chasse à l'homme à l'américaine.

Dans cette première expérience à quatre mains, les scénaristes se sont livrés à un exercice assez intéressant et original. Semant les fausses pistes tout au long du film, Zaki et Tahiri multiplient les face-à-face sans toutefois livrer l'information… la bonne. Ils ne sont pas intéressés par la complicité du téléspectateur, au contraire ils veulent le maintenir en haleine et cultiver le doute chez lui… l'état psychologique des protagonistes est partagé par le public dans une sorte d'interaction «malsaine».

Après deux courts métrages et le sitcom Lalla Fatema, Ali Tahiri s'est essayé là à un genre assez complexe. Jonglant entre action et intimisme, les mouvements de la caméra retracent les portraits des protagonistes. Flash-back à l'appui, la réalisation essaie de reconstituer l'histoire et de combler les vides narratifs.

Les gros plans et les plans rapprochés est une façon de nous rapprocher de l'état émotionnel des personnages. Bien réussi surtout avec le jeu intense des deux talentueux acteurs : Khouyi et Roukh. Leurs face-à-face qui longent le film sont de véritables démonstrations, des «duels de coqs» où chacun puise au fond de son expérience pour répliquer. Khouyi, apparemment regagné par son passé, vire parfois à la «théâtralisation». Mais on lui pardonne volontiers, vu son grand talent et la charge émotionnelle impressionnante qui se dégage de son jeu.

Quant au rythme général, on aurait aimé voir un film plus court, ne serait ce que pour le plaisir de rendre l'action et les péripéties plus fluides et plus dynamiques.

Même si les «escales» psychologiques sont importantes et compréhensibles dans la structure du film, elles auraient pu être moins longues et moins nombreuses…l'essentiel étant compris. «L'Ombre du crime» est programmé ce vendredi à partir de 22h15 sur la deuxième chaîne juste après la nouvelle émission touristique «Toubkal».

REPÈRES
Fiche technique
> Type : policier
> Durée : 102 minutes
> Scénario et dialogue : Rachid Zaki et Ali Tahiri
> Réalisation : Ali Tahiri
> Avec : Mohamed Khouyi, Driss Roukhe, Mohamed Choubi, Hassan Hammouche, Rim, Alia Reggab…
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