Monde

Images impressionnantes, dommages limités

Le monde reste ébahi devant quelques images impressionnantes de dégâts provoqués par les typhons ou séismes très violents au Japon, mais l'ampleur globale des dommages et le nombre de victimes apparaissent finalement peu élevés.

«Les dégâts auraient été bien pires, peut-être 50 fois pires, si de tels désastres s'étaient produits en Europe ou dans d'autres régions d'Asie», estime Kimio Takeya, professeur à l'Université du Tohoku. Ph. AFP

07 Septembre 2018 À 18:10

Les inondations, coulées de boue et chaleurs étouffantes s'avèrent davantage meurtrières que les séismes, un paradoxe qui met en relief à la fois les progrès réalisés sur le plan des techniques parasismiques ou face aux vents violents, mais aussi les faiblesses en termes de prise de conscience du risque et de réaction des populations habitant des zones vulnérables. «Les dégâts auraient été bien pires, peut-être 50 fois pires, si de tels désastres s'étaient produits en Europe ou dans d'autres régions d'Asie», estime Kimio Takeya, professeur à l'Université du Tohoku.
En 2011, lors de la catastrophe du 11 mars, c'est surtout le tsunami qui a tué. Et cette semaine, ce sont les glissements de terrain qui ont enseveli des maisons et fait une quinzaine de victimes après le séisme dans le nord de l'archipel. Équipés de dispositifs parasismiques, sur lesquels d'énormes progrès ont été réalisés après le tremblement de terre de Kobe en 1995 (près de 6.500 morts), «les bâtiments et infrastructures résistent mieux aux aléas», souligne pour l'AFP Jean-François Heimburger, auteur de «Le Japon face aux catastrophes naturelles». 
S'agissant des typhons et pluies, «les prévisions météorologiques sont plus précises grâce à des satellites plus performants. Mais la situation s'est également améliorée à la suite de l'adoption de plusieurs lois, à commencer par celle de novembre 1961, qui précise les rôles des autorités en matière de prévention». Auparavant, un typhon pouvait faire des milliers de morts, comme en 1959. Là où le bât blesse aujourd'hui, c'est dans l'attitude des populations face au risque, ce même si elles sont globalement mieux préparées. L'ampleur du danger évolue : les leçons du passé ne suffisent pas toujours, car le changement climatique tend à créer des phénomènes inédits. «Nous avons désormais affaire à des conditions climatiques sans précédent : les gens n'imaginent pas que le vent puisse emporter une voiture», insiste Chikako Isouchi, professeure de l'Université de Kagawa. 

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