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L’Institut Royal de la culture amazighe relance le débat sur la diversité culturelle

La constitutionnalisation de l’amazigh en tant que langue officielle et la prise en compte de la diversité des expressions culturelles représentent un acquis et une avancée importante pour la promotion des droits culturels au Maroc. Pour débattre de l’état des lieux en la matière, l’Institut Royal de la culture amazighe prépare un colloque international sur le sujet qui aura lieu avant la fin de l’année.

05 Septembre 2018 À 18:15

L'Institut Royal de la culture amazighe (Ircam) a pour objectif de sauvegarder et de promouvoir la culture amazighe dans toutes ses expressions et de concourir à la mise en œuvre des politiques devant permettre de faire la promotion de cette langue. C’est dans ce cadre qu’il organise régulièrement des débats et des rencontres à cette fin. Dans cette perspective, l’Ircam prépare l’organisation d’un colloque international sur l’importance de la diversité culturelle pour l’humanité et l’état des lieux au Maroc. Et ce à travers la thématique : «Les droits culturels : définitions, enjeux et perspectives». La rencontre est programmée avant la fin de l’année, au cours du mois de décembre.

De nombreuses questions seront au menu de cette rencontre dont l’Institut Royal de la culture amazighe attend une réflexion profonde et des réponses à de nombreuses questions posées au sujet de la diversité culturelle. En effet, un premier axe de ce colloque devra examiner les différentes théories et définitions des droits culturels. Ces derniers sont souvent associés aux droits sociaux et économiques, qui sont fondés sur une conception liée au droit d’accès à l'éducation, à la participation à la vie culturelle, au progrès scientifique et à la jouissance des bienfaits qui en résultent. Or, estiment les membres du comité scientifique derrière la préparation de ce colloque, la généralisation de ces droits aux cultures de certains groupes catégoriels ou particuliers «a souvent posé problème et génère des discussions entre les différentes parties». Ainsi, plusieurs questions en relation avec cette problématique seront soulevées. Quelles sont les approches théoriques sur lesquelles repose la notion de «droits culturels» ? Quelles sont les tensions qui les traversent ? Si des définitions ont déjà été proposées pour préciser les caractéristiques de ces droits, quelles sont les implications de ces différentes définitions et quelles en sont les genèses ? Peut-on concilier les principes structurant la vision dominante à propos des «droits culturels» avec les revendications et les plaidoyers des groupes minorés et des catégories particulières ?
Une autre série de questions sera invoquée dans le cadre du deuxième axe qui devra interroger le cadre normatif qui régit les droits culturels ainsi que les différentes expériences internationales. Ainsi, les questions auxquelles ce second axe devra répondre sont celles de savoirA comment ont été mis en place les différents pactes, conventions ou protocoles qui prennent en compte les droits culturels. Quels sont les enjeux que comportent ces instruments juridiques ? Comment évaluer leur efficacité en termes de protection des droits culturels ? Les réponses à ces interrogations devront servir à enrichir la réflexion déjà engagée par l’Ircam dans ce sens.

Par ailleurs, il faut dire aussi, soulignent les organisateurs de ce colloque, que plusieurs pays et régions ont pris des initiatives en matière de sauvegarde et de promotion de la diversité culturelle et de la défense des droits culturels. Quelles leçons peut-on tirer de ces expériences ? Au-delà du rôle de l’État et des politiques publiques qu’il déploie, comment s’organisent les communautés locales pour défendre leur culture et leurs droits culturels dans différents contextes ? Que recouvrent exactement les «droits culturels» au Maroc ? Qui est chargé aujourd’hui de mettre en œuvre des politiques publiques visant à les promouvoir ? Quelles sont les mesures prises ou en projet visant à encourager le bilinguisme officiel et la diversité culturelle au Maroc ? Quel est le rôle de la société civile dans la promotion des droits culturels au Maroc ?
C’est pour répondre à ces questions que le troisième axe sera consacré à l’expérience marocaine. Il vise ainsi à renseigner sur les thèmes et les interrogations qui préoccupent la société et la communauté scientifique marocaines dans le domaine de la mise en œuvre des «droits culturels» et de la promotion de la diversité culturelle au Maroc, précisent les membres de l’Ircam. L’Institut lance d'ailleurs un appel aux hommes de culture, de science et aux chercheurs intéressés par ces problématiques pour apporter leurs contributions en participant à ce colloque qui aura lieu en décembre à Rabat. 
 

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