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Le chef de l'armée birmane doit être poursuivi pour «génocide», selon l'ONU

Des enquêteurs de l'ONU ont demandé lundi que la justice internationale poursuive le chef de l'armée birmane et cinq autres hauts gradés pour «génocide», «crimes contre l'humanité» et «crimes de guerre» à l'encontre des musulmans rohingyas. Entre août et décembre 2017, plus de 700.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie après une offensive de l'armée lancée en représailles aux attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas.

Des dizaines de milliers de musulmans Rohingyas ont manifesté dans les camps où ils ont trouvé refuge au Bangladesh pour demander justice à l’ONU. Ph. Reuters

27 Août 2018 À 17:44

«Les principaux généraux de Birmanie, y compris le commandant en chef Min Aung Hlaing, doivent faire l'objet d'enquêtes et de poursuites pour génocide dans le nord de l'État Rakhine, ainsi que pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans les États Rakhine, Kachin et Shan», a exhorté la Mission d'établissement des faits de l'ONU sur la Birmanie. Selon un rapport publié lundi par cette mission, qui a été créée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en mars 2017, «il existe suffisamment d'informations pour justifier (...) la poursuite des hauts responsables de la chaîne de commandement» de l'armée birmane. Entre août et décembre 2017, plus de 700.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie, majoritairement bouddhiste, après une offensive de l'armée birmane lancée en représailles d'attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas. Ils ont trouvé refuge au Bangladesh où ils vivent depuis dans d'immenses campements de fortune. D'après les enquêteurs de l'ONU, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, «n'a pas utilisé sa position de facto de Chef du gouvernement, ni son autorité morale, pour contrer ou empêcher le déroulement des événements dans l'État Rakhine». «Par leurs actes et leurs omissions, les autorités civiles ont contribué à la commission de crimes atroces», ont-ils estimé. Ceux-ci ont néanmoins fait valoir que les autorités civiles avaient «peu de marge de manœuvre» pour contrôler les actions de l'armée birmane et que «rien n'indique non plus qu'elles ont participé directement à la planification ou à la mise en œuvre d'opérations de sécurité ou qu'elles faisaient partie de la structure de commandement».
La mission de l'ONU, qui n'a pas été autorisée à se rendre en Birmanie, a interrogé 857 victimes et témoins et s'est aussi servi d'images satellites. Le rapport détaille la liste de crimes contre l'humanité qui auraient été commis à l'encontre des Rohingyas dans les États Kachin, Shan et Rakhine : assassinat, emprisonnement, disparition, torture, viol, esclavage sexuel, persécution et asservissement. 

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