Société

Canicule, pollution et sécheresse, trois ingrédients d'un même plat

Après l’épisode tumultueux de l’affaire Benalla, temporairement mise entre parenthèses, et le départ en vacances pour deux semaines des principaux acteurs de la vie politique, l’actualité en France se trouve accaparée, depuis quelques jours, par la canicule, la pollution et la sécheresse, trois ingrédients d’un même plat particulièrement indigeste en cette période censée favoriser le repos et la détente.

«La plus chaude en moyenne sur la France depuis la canicule de 2003».

08 Août 2018 À 18:45

Il n’est pratiquement pas de bulletin d’information sur les chaines audio-visuelles françaises qui n’ouvre pas, en effet, sur ces sujets sur un air récurrent, voire routinier. Sur fond de carte teinte en rouge, signe de l’affolement du mercure, marquée d’une flèche montrant le sens de la montée de la chaleur (en provenance d’Afrique du Nord), on saura ainsi que la canicule continuera à sévir sur le pays et que les températures les plus élevées sont attendues pour ces lundi et mardi après le pic déjà atteint samedi. La journée de samedi avait été en effet «la plus chaude en moyenne sur la France depuis la canicule de 2003» au cours de laquelle 20.000 décès avaient été enregistrés, selon François Jobard, prévisionniste à Météo-France. Cet épisode sera quoiqu'il arrive dans le «top 3» des canicules les plus sévères mesurées en France.
Pour ceux qui ont du mal à dormir ou rafraîchir leur logement, ça ne devrait donc pas s'arranger dans les prochains jours. «Les nuits suivantes resteront très chaudes, particulièrement en milieu urbain», prévient Météo-France en faisant état de températures frôlant les 40 degrés dans plusieurs régions. 

Facteur aggravant, cette chaleur déjà éprouvante est accentuée par une pollution à l'ozone particulièrement harassante du fait de la densité du trafic automobile, comme c’est le cas à Paris, Strasbourg, Lyon et dans l’Isère (Sud-Est) où les autorités ont décrété l’interdiction ce lundi de la circulation des véhicules les plus polluants dans des périmètres prédéfinis et la limitation des vitesses maximales sur certaines autoroutes ainsi que sur les routes nationales et départementales qui traversent ces zones. Renonçant à son congé pour suivre de près la situation, la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, a estimé que cette canicule devrait probablement se traduire par une «surmortalité chez les personnes âgées». Mais les chiffres ne devraient pas être connus avant plusieurs semaines. Elle s'est cependant félicitée du nombre «relativement faible» de consultations dans les services d'urgence, 3 à 4% du total seulement étant dus à la canicule.
Sur les 650 services d'urgence hospitaliers en France, 25 sont «en tension», essentiellement dans des régions touristiques, a précisé la ministre.

«Nous pensons qu'avec le changement climatique, de tels épisodes vont se renouveler», a souligné Mme Buzyn. «Ils risquent d'être plus intenses et donc il va être certainement nécessaire d'adapter notre habitat, voire l'urbanisme des villes qui sont très minérales (et) favorisent la rétention de la chaleur, notamment la nuit. Et donc nous allons devoir nous adapter dans les années qui viennent», a-t-elle affirmé.
En attendant une hypothétique accalmie, 67 départements continuent à être placés en vigilance «orange» canicule, un nombre record qui égale le chiffre du 21 juin 2017.
Trente-neuf parmi ces départements sont concernés par des arrêtés de limitation des usages de l'eau en raison de la sécheresse et 11 sont en situation de crise. Tous les prélèvements non prioritaires (sécurité civile, eau potable, salubrité) y sont interdits.
En considération de la situation caniculaire que vit le pays, les autorités concernées, relayées par les médias, redoublent les recommandations aux populations pour éviter de sortir aux heures les plus chaudes et pour boire suffisamment d'eau, fermer les volets et fenêtres la journée et aérer la nuit, se rendre si possible dans des endroits climatisés, éviter les activités physiques et s'humidifier le corps.
Les mairies se sont également mobilisées en mettant à disposition des salles climatisées pour que les personnes âgées et les personnes sans domicile puissent se rafraîchir dans la journée.
Plus de 150 hôtels, majoritairement situés en Île-de-France (dont Paris est le chef-lieu) proposent aussi des chambres moins chères (jusqu'à -50% du tarif habituel) aux riverains pour leur permettre de passer au moins une nuit au frais. Une initiative louable qui, jusqu'à présent, profite surtout aux personnes particulièrement vulnérables ou sensibles à la chaleur, notamment des personnes âgées ou des femmes enceintes, en attendant que des températures plus clémentes puissent permettre le retour à une vie normale pour tous. 
Amina Benlahsen - MAP

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