Nation

La réforme de la retraite des parlementaires unit les groupes de l’opposition et de la majorité

Les parlementaires retraités ne touchent plus leurs pensions depuis octobre dernier. Une situation que leurs pairs actuels veulent arranger en adoptant une nouvelle réforme de ce régime déclaré en faillite. Le groupe du PJD a changé son fusil d’épaule et rejoint ceux qui appellent à une réforme du système au lieu de sa liquidation. De leur côté, les deux parlementaires de la Fédération de la gauche démocratique insistent toujours sur la nécessité de sa suppression pure et simple.

17 Juillet 2018 À 18:33

«Certains parlementaires retraités vivent une situation financière difficile». C’est l’ultime argument des défenseurs du maintien du régime de retraite des parlementaires. Prenant part, hier, à la réunion de la commission des finances et du développement économique de la première Chambre, plusieurs chefs de file des groupes parlementaires, issus de la majorité comme de l’opposition, se sont prononcés en faveur de la réforme de ce régime en faillite au lieu de sa liquidation.
Prenant la parole lors de la réunion consacrée à l’examen de quatre propositions de loi relatives à la question de la retraite des parlementaires, le président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD), Idriss Azami Al Idrissi, qui était un fervent partisan de la suppression de ce régime il y a encore quelques mois, a justifié son changement de position par des concertations avec les autres groupes de la majorité. Dans ce sens, M. Azami a fait savoir qu’au cours des différentes rencontres de concertation autour de cette question, «nous avons eu la confirmation que plusieurs parlementaires nationalistes risquaient de vivre des situations très compliquées en cas de suppression de leurs pensions de retraite».
Ce même argument a été avancé par le président du groupe parlementaire du Parti de l’Istiqlal, Noureddine Mediane. Ce dernier a insisté sur l’importance de garder ce régime en place et de travailler sur sa réforme afin de garantir le paiement des pensions aux anciens parlementaires. Le responsable dont le parti est désormais dans les rangs de l’opposition a souligné que ce régime ne constitue en aucun cas une rente, mais plutôt un régime solidaire, en faisant référence aux cotisations payées par les parlementaires et qui avoisinent les 2.900 dirhams par mois.
Toutefois, si tous les groupes parlementaires semblent unanimes quant à l’importance de donner une nouvelle vie à ce régime en adoptant une nouvelle réforme, cette démarche est contestée au sein des composantes de certains groupes parlementaires. En effet, plusieurs députés du PJD n’ont pas hésité à critiquer la façon dont le président de la commission, Abdallah Bouanou, gérait la séance d’hier. Le responsable a eu beaucoup de mal à tempérer la colère des parlementaires relevant de son parti, ont souligné des sources ayant assisté à la réunion. Et ce n’est pas que chez les députés du PJD que ça bloque. Les deux parlementaires de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Omar Balafrij et Mustapha Chennaoui s’opposent complètement à ce projet de réforme. Présentant une proposition de loi visant la suppression définitive de ce régime, les deux députés ont qualifié ce régime de «rente». Lors de la réunion d’hier, Omar Balafrij a tenté de contrer l’argument avancé par les présidents des groupes parlementaires du PJD et de l’Istiqlal. «Les nationalistes sont pour la suppression des retraites», a-t-il martelé.
Pour rappel, la nouvelle proposition de loi, abrogeant toutes celles qui l’ont précédée, prévoit une retraite à l’âge de 65 ans pour les députés. Le système actuel accordait une pension de retraite à tout parlementaire ayant terminé son mandat législatif. La proposition prévoit également une baisse du montant de la pension. Actuellement fixée à 1.000 dirhams pour chaque année passée par le député au Parlement, elle passera désormais à 700 dirhams par année en cas de validation de ce texte. S’agissant des cotisations, les parlementaires veulent les garder à leur niveau actuel, soit 2.900 dirhams par député. Et ce n’est pas tout. Le nouveau texte veut assoir une nouvelle règle d’incompatibilité entre une retraite parlementaire et le salaire d'un poste de ministre ou de cadre d’une haute fonction. 

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