Économie

La production des océans pourrait baisser de 10% d'ici 2050

Acidification des eaux, diminution des niveaux d'oxygène dissous, dégradation des récifs coralliens et des stocks de poissons associés... sont autant d'effets du changement climatique qui pourraient provoquer un fléchissement de près de 10% d'ici 2050 de la production des océans de la planète. Selon le rapport de la FAO sur la situation mondiale de la pêche 2018, cette baisse toucherait près de 85% des pays côtiers, avec cependant des variations importantes selon les capacités d’adaptation de chaque pays. La pêche non durable est, quant à elle, passée de 10% dans les années 1970 à 33% actuellement.

Les projections laissent entrevoir un recul de la production marine et terrestre dans près de 85% des pays côtiers, avec des variations importantes selon les capacités nationales d’adaptation au changement climatique. Ph. DR

10 Juillet 2018 À 18:18

«À ce jour, plus de 80 pays ont inscrit la pêche et/ou l’aquaculture dans leurs domaines d’action prioritaires en matière d’adaptation au changement climatique», note la FAO dans son «Rapport 2018 sur la situation mondiale de la pêche» pour avertir sur les conséquences d'un tel phénomène sur le secteur de la pêche. Ce rapport vise à établir le rôle du secteur de la pêche dans la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) tels que définis en 2015 par les Nations unies en particulier l’ODD 14 qui porte sur la conservation et l'exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines. En 2016, la production totale du secteur a atteint un niveau record de 171 millions de tonnes dont 88% sont destinés à la consommation humaine directe. Cette consommation par personne est passée de 9 kilogrammes en 1961 à 20,2 kg en 2015, soit une augmentation moyenne d'environ 1,5% par an. Seul le continent africain semble faire figure à part : «en Afrique, la consommation de poisson par habitant devrait reculer de 0,2% par an jusqu’en 2030, date à laquelle elle ne devrait plus se chiffrer qu’à 9,6 kg contre 9,8 kg en 2016 en raison d’une croissance de la population plus rapide que celle de l’offre de poisson», souligne la FAO. Cependant, cette production mondiale pourrait être affectée par l'impact de divers facteurs dû au dérèglement climatique. «La production primaire des océans de la planète devrait marquer un fléchissement de 6% d’ici à 2100, pouvant atteindre 11% dans les zones tropicales», estime le rapport de la FAO. Selon ce dernier une variation inférieure à 10% du potentiel de prise de la pêche de capture au niveau mondial pourrait intervenir d'ici 2050.
L'Organisation onusienne chargée de l'agriculture et de l'alimentation (FAO) a dressé la liste des principaux facteurs de vulnérabilité liés au changement climatique et les risques sur la pêche qui en découlent. Ainsi, l'expansion des zones de faible productivité conduirait à la baisse de la production primaire et des captures. Le blanchissement massif et mortalité des coraux sous l'effet du réchauffement provoquerait la dégradation des récifs coralliens et des stocks de poissons associés. Autre exemple, la modification des côtes et l'augmentation des inondations suite à l'élévation du niveau de la mer sont à l'origine de la variation des stocks des grands pélagiques. «Les projections laissent entrevoir un recul de la production marine et terrestre dans près de 85% des pays côtiers analysés, avec des variations importantes selon les capacités nationales d’adaptation (au changement climatique, Ndlr)», note le rapport de la FAO. Pour contrecarrer ces effets, et bien d'autres, plus de 80 pays ont inscrit la pêche et/ou l’aquaculture dans leurs domaines d’action prioritaires en matière d’adaptation au changement climatique. La baisse des captures freine la progression des niveaux des volumes pêchés.
Durant la période 2003-2016, les captures progressaient à raison de 2,3% par an. Cette progression ne serait que 1% d'ici 2030, période durant laquelle les volumes pêchés devraient atteindre 201 millions de tonnes. La majeure partie de la croissance de la production devrait provenir du secteur de l’aquaculture, précise le rapport. La surpêche est également source de diminution des stocks disponibles au jouet de laquelle le rapport note une tendance à la baisse de la proportion de stocks de poissons exploités à un niveau biologiquement durable». Dans les années 1970, ce taux était de 90% et a chuté à près de 70% actuellement. À l'inverse, la proportion de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable est passée de 10% en 1974 à 33,1% en 2015. En dépit de ces contraintes, la FAO dit s'attendre à un rythme soutenu du commerce du poisson dont 31% seront destinés à l'exportation à l'horizon 2030. «En volume, le commerce mondial de poisson destiné à la consommation humaine devrait progresser de 24% au cours de la période de projection pour dépasser les 48 millions de tonnes en équivalent poids vif en 2030, un chiffre qui grimperait à 60,6 millions de tonnes si l’on y ajoutait les échanges entre les pays de l’Union européenne», souligne la FAO dans son rapport. 

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