Économie

Le ministère de l'Équipement revoit sa copie

La stratégie portuaire à l’horizon 2030 est à revoir. De nouveaux paramétrages s'imposent au vu de l'évolution du contexte économique, des stratégies sectorielles et de la demande réelle portuaire. Les prévisions de trafics doivent être actualisées pour la reconfiguration des projets de création ou d’extension des infrastructures portuaires programmées dans cette feuille de route adoptée en 2012.

L’élaboration de la stratégie portuaire s’est basée sur des hypothèses liées à l’évolution des grandes masses de trafics qui auront un véritable impact sur la conception et le dimensionnement futur des ports.

10 Juillet 2018 À 18:14

Nouveaux paramétrages à l'horizon pour la stratégie portuaire 2030. Le département de l’Équipement entend actualiser cette feuille de route, cinq ans après son opérationnalisation. Le processus devrait aboutir à une reconfiguration globale des projets d’infrastructures portuaires programmés. Cette actualisation devra faire l’objet d’une étude à 2,4 millions de dirhams à commanditer par les services de Abdelkader Amara le 28 août prochain. 
Mais pourquoi cette actualisation ? L’Équipement fait valoir une série d’arguments, dont l’évolution du contexte économique (économie globale et commerce extérieur), des stratégies sectorielles, de la demande internationale et de la demande réelle portuaire. Cette refonte est aussi dictée par le découpage administratif à 12 régions, en vigueur depuis 2015 et dont la stratégie portuaire ne pouvait tenir compte. Concrètement, le chantier consistera à dresser un état d’avancement de la stratégie et d'actualiser les hypothèses d’évolution du trafic portuaire à l’horizon 2030. Il s’agit également de revoir les prévisions de la demande portuaire à cet horizon (commerce, passagers, pêche, plaisance, croisière, construction et réparation navale) et concevoir un modèle économétrique de prévisions de trafics par filière. Le tout assorti de la conception et du développement d’un système d’information disposant de plusieurs modules concernant notamment la gestion des statistiques portuaires, les prévisions de trafics basées et l’évaluation des indicateurs de suivi de la stratégie portuaire.

Dans le cahier des prescriptions spéciales (CPS) accompagnant l’appel d’offres de l’étude, l’Équipement affirme que l’une des idées fondatrices de la feuille de route portuaire est le recours à une planification ouverte sans s’appuyer sur un programme pluriannuel d’investissements figé jusqu’à 2030. «Il faut que tout au long de la période de sa mise en œuvre, les programmes d’investissements puissent être adaptés et ajustés à l’évolution des stratégies sectorielles nationales et internationales, des stratégies des opérateurs nationaux et internationaux et de la demande portuaire effective. Ce qui permettra ainsi de saisir toutes les opportunités qui s’offriront au Maroc», explique l’Équipement. 
L’élaboration de la stratégie portuaire s’est basée sur des hypothèses liées à l’évolution des grandes masses de trafics qui auront un véritable impact sur la conception et le dimensionnement futur des ports. Des scénarios différenciés avaient été adoptés pour tenir compte des incertitudes existantes. Ainsi, dans les trafics non spécialisés, les trois scénarios de croissance de l’économie retenus par le Haut Commissariat au Plan ont été pris comme référence. Un scénario appelé «ouverture maîtrisée et émergence», avec un taux de croissance global du PIB de 5,5% en moyenne annuelle, mais une croissance de près de 6% pour les activités non agricoles entre 2011 et 2015. Le deuxième scénario est plus ambitieux, dit «de l’efficience économique prioritaire», avec un taux de croissance de 6,4% en moyenne annuelle. Le dernier scénario appelé «essoufflement» prévoit, quant à lui, un taux de croissance limité à 4% en moyenne annuelle. L’étude en projet révisera donc l’ensemble des indicateurs à l’horizon 2030. Ce qui impliquera une refonte globale des différents projets de création ou de dimensionnement des infrastructures programmées.   
Pour rappel, la stratégie portuaire avait identifié six projets de pôles : Oriental (avec pour noyau dur le port Nador West Med), Nord-Ouest (transbordement, transport des véhicules et des passagers, croisières et plaisance), Kénitra-Casablanca, Abda-Doukkala (complexe industriel et énergétique), Souss-Tensift et le Pôle des ports du Sud. L'investissement de départ était estimé à 60 milliards de DH. 

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