Économie

Les forêts fournissent 40% de l’énergie renouvelable sous forme de combustible ligneux

La FAO vient de mettre en ligne son rapport sur «La situation des forêts dans le monde 2018» dont la somme des données est qualifiée par son directeur général de «plus importante qu’elle n’a jamais été». Bois, produits non ligneux, agroforesterie, énergie... ce rapport tente une estimation, en citant le cas de certaines régions du monde, de l'apport de ces écosystèmes dans les revenus des 820 millions de ruraux vivant en forêts. Ces dernières fournissent 40% de l’énergie renouvelable sous forme de combustible ligneux, soit autant que les énergies solaire, hydroélectrique et éolienne combinées. Toutefois, l'apport des forêts dans les revenus des ménages est affecté par des régimes fonciers précaires et des droits inadéquats dans l'utilisation des produits forestiers.

Le secteur forestier produit des biocombustibles et des biomatériaux susceptibles de remplacer les combustibles polluants et les produits issus des matériaux fossiles.

06 Juillet 2018 À 18:36

Structuré en 4 chapitres, le rapport 2018 sur la situation des forêts dans le monde «vient à point nommé relater des expériences et alimenter la réflexion sur les mesures à prendre et les partenariats et alliances à conclure pour concrétiser les ambitions du Programme 2030», estime en introduction, José Graziano da Silva, directeur général de la FAO qui a réalisé ce rapport. Le Plan stratégique sur les forêts (2017-2030) vise à inverser la tendance à la déforestation et à la dégradation des forêts et, au-delà, à étendre la superficie des zones forestières. En préambule, le rapport commence par une note positive en rappelant que l’évaluation des ressources forestières mondiales, coordonnée par la FAO, a permis de déterminer que la superficie forestière était passée de 31,6 à 30,6% des terres émergées entre 1990 et 2015, mais que le rythme des pertes s’était ralenti ces dernières années. En plus de savoir comment atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) auxquels un chapitre est consacré, le rapport propose des solutions d'avenir et s'intéresse également à la quantification des forêts à la réalisation des ODD. Dans ce dernier chapitre, il est rappelé que 820 millions de ruraux des régions tropicales vivent dans des zones de forêt ou de savane ou aux alentours dont 640 millions vivent au-dessous du seuil de pauvreté avec avec de 1,25 de dollar par jour.

Pour connaître la contribution de l'environnement forestier dans les revenus des ménages, le rapport de la FAO cite que la mesure la plus exhaustive du revenu tiré de l'environnement rural à ce jour a été effectuée par le Réseau Pauvreté-Environnement, qui a mené des enquêtes auprès de 7.978 ménages dans 333 villages situés sur 58 sites des régions tropicales et subtropicales d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Il en ressort qu'en moyenne, le revenu tiré de l'environnement représentait 28% des gains totaux des ménages. Ce chiffre passe à 22% si l'on prenait uniquement en compte les ressources forestières. «On a constaté que, pour les ménages, le revenu tiré de l'environnement n'était que marginalement inférieur au revenu généré par les cultures, ce qui souligne l'importance des ressources naturelles pour les moyens d'existence ruraux», conclut le rapport. Toutefois, constatent les auteurs, l'apport des forêts dans les revenus des ménages est affecté par une panoplie de facteurs tels que les régimes fonciers précaires et les droits inadéquats en matière d'utilisation des produits forestiers. Cette situation s'aggrave lorsque l'on sait que seuls 3% des forêts appartiennent aux communautés qui y vivent. Globalement, poursuit le rapport de la FAO, les forêts fournissent quelque 40% de l’énergie renouvelable mondiale sous forme de combustible ligneux, autant que les énergies solaire, hydroélectrique et éolienne combinées. «Il faut maintenant mettre l’accent sur une production de combustible ligneux plus durable», soulignent les rédacteurs. Le rapport s'est également intéressé d'estimer la part des produits non ligneux (en dehors du bois et sous produits), sources de diversité alimentaire. En Afrique, les feuilles comestibles d'arbres sauvages, comme le baobab ou le tamarin, sont des sources importantes de protéines, de fer et de calcium. «Une enquête sur les contributions des aliments forestiers sauvages aux régimes alimentaires qui a été menée sur 37 sites dans 24 pays tropicaux a révélé que plus de la moitié des ménages échantillonnés prélevaient ce type de produits pour leur consommation personnelle». Dans les pays du Sahel, les produits non ligneux forestiers contribuent à 80% dans les revenus des ménages. En fin, le rapport s'est penché sur le rôle des forêts dans le renforcement de la résilience face aux catastrophes naturelles. Le Maroc fait partie des 13 pays qui ont déclaré que la conservation des eaux et des sols était le principal objectif de gestion pour la totalité de leurs forêts. Dans ces contextes, les forêts jouent normalement le rôle d'infrastructure et préservent un approvisionnement en eau de bonne qualité.                   

 

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