Économie

La part de la France divisée par deux entre 2001 et 2017

Les parts de marché à l’exportation de la France au Maroc ont été divisées par deux entre 2001 et 2017, passant de 22,2 à 10,6%. L’essentiel de la baisse s’est effectué entre 2001 et 2011, selon Coface. À l’échelle de l’Afrique, les parts de la France ont été également réduites de moitié à 5,5% en 2017. Cette perte concerne tous les secteurs exportateurs phares, à l’exception de l’aéronautique.

Les exportations réalisées par la France au Maroc sont inférieures de 29% au potentiel estimé par Coface.

21 Juin 2018 À 18:29

En 2017, la France perdait son statut de premier fournisseur européen du continent africain au profit de l’Allemagne. Ses parts de marché à l’exportation dans le continent ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11% à 5,5% en 2017. «D’après les données des Nations unies compilées par l’International Trade Centre, les parts de marché françaises au Maroc ont également été divisées par deux, passant de 22,2% en 2001 à 10,6% en 2017. L’essentiel de la baisse s’est effectué entre 2001 et 2011, depuis les parts de marchés françaises à l’export sont d’environ 11%», déclare le groupe Coface au «Matin-Éco». Ceci à l’occasion d’une nouvelle étude économique fraichement publiée par l’assureur-crédit, intitulée «La perte de parts de marché français en Afrique alimente le gain de plusieurs pays européens, la Chine et l’Inde». Selon cette publication, l’érosion du poids de la France à l’export en Afrique s’inscrit dans un mouvement plus global de perte de vitesse des exportations françaises dans le commerce mondial (de 4,7% de parts de marché en 2001 à 3% en 2017). Dans une moindre mesure, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis suivent la même tendance sur le continent au profit essentiellement de la Chine. Cette dernière affiche une progression «fulgurante» de ses parts de marché à l’export en Afrique (de 3% en 2001 à près de 18% en 2017), suivie par l’Inde, la Turquie et l’Espagne.

Globalement, si la balance commerciale reste excédentaire au profit de l'Hexagone (sauf en 2008 et 2012, lors que les prix de pétrole ont atteint des hauts historiques), cette perte de parts de marché françaises en Afrique concerne tous les secteurs exportateurs phares, à l’exception de l’aéronautique qui affiche une progression à 33% en 2017 contre une part de 12% en 2001. À titre indicatif, dans le secteur des machines, le poids de la France dans les exportations vers le continent a été divisé par deux entre 2001 (12%) et 2017 (6%), à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne, en raison de la concurrence de la Turquie, de l’Espagne et surtout de la Chine (dont la part a été multipliée par huit pour atteindre ¼ des exportations totales de machines). D’après les experts de Coface, dans plusieurs pays d’Afrique francophone la chute des parts de marché françaises est impressionnante : entre 15 et 20 points de pourcentage (pp) au Maroc, en Algérie, en Côte d’Ivoire ou encore au Cameroun et 25 pp au Sénégal. «Dans le secteur des appareils électriques et électroniques, la France, leader jusqu’en 2006, a vu ses parts de marché reculer à 3% en 2017 contre 16% en 2001, tandis que la Chine a suivi une trajectoire inverse, passant de 7% à plus d’un tiers des flux entrants sur le continent africain. Les parts de marchés de la France ont notamment fondu de 20 pp en Afrique francophone», est-il souligné. Et ce n’est pas tout. Dans le secteur pharmaceutique, les parts de marché françaises à l’exportation ont été quasiment divisées par deux sur la même période (de 33% en 2001 à 19% en 2017), au profit de l’Inde (sa part passant de 5% à 18%). S’agissant de l’automobile, le recul de la France du troisième en 2001 au septième fournisseur en 2017 (avec une part de marché de 5% contre 15% en 2001) a été exacerbé par la progression d’autres pays européens, comme la Roumanie ou l’Espagne, notamment au Maghreb.
Par ailleurs, d’après l’analyse de Coface, 27 pays africains représentent une hausse potentielle des exportations françaises de près de 21%, qui ramènerait ses parts de marché au niveau d’avant-crise, soit 7%. Cela concerne notamment les pays les plus proches géographiquement de la France, comme le Maroc où les exportations réalisées par l’Hexagone sont inférieures de 29% au potentiel estimé par Coface. 

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