Économie

Ce que proposent les opérateurs économiques

L’actuel modèle de développement n’a plus les faveurs des milieux des affaires. L’écrasante majorité des opérateurs économiques lui reproche notamment la persistance des inégalités sociales et territoriales, la faiblesse de la capacité de création d’emploi et souhaite sa refonte. En clair, l’éducation et la formation doivent figurer en tête des priorités et l’État s'ériger en accompagnateur des initiatives privées. Les éclairages d’une enquête du CMC.

18 Juin 2018 À 17:24

Les opérateurs économiques marocains ont rendu leur verdict : l’actuel modèle de développement a fait son temps et appelle une refonte substantielle. En effet, ils sont presque unanimes (97,5%) à penser que ce modèle a atteint ses limites et qu’il doit nécessairement évoluer pour plus d’efficacité, a relevé une enquête du Centre marocain de conjoncture (CMC) réalisée, au cours du premier trimestre de cette année, auprès d’un échantillon d'opérateurs industriels. Ces derniers reprochent à ce modèle, notamment la persistance des inégalités sociales et territoriales, la faiblesse de la capacité de création d’emploi et l’aggravation du chômage, l’essoufflement de la croissance et la déficience du système de gouvernance. Ils citent également, parmi les limites de ce modèle, la faible diversification productive, l’insuffisance de la compétitivité et faiblesse du secteur exportateur, la faible convergence vers les pays émergents, l’attractivité et la faiblesse des rendements des investissements et la détérioration des équilibres financiers. Pour en finir avec ces tares, la majorité des opérateurs interrogés prône notamment une stratégie combinant le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux, avec 85,7% des industriels sondés, contre 28,6% qui proposent une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation.

11,9% préfèrent, eux, une stratégie axée principalement sur le développement du marché intérieur. Partant des insuffisances relevées, trois patrons sur quatre estiment que la refonte du modèle de croissance doit cibler en priorité le développement régional et la réduction des inégalités. Les objectifs de l’amélioration des performances économiques et de la convergence vers les standards des pays émergents ont récolté, quant à eux, l’approbation de 59,5 et 54,8% des enquêtés respectivement. Et pour atteindre ces objectifs, sur quels leviers doit-on agir en priorité ? Les chefs d’entreprises interrogés par le CMC placent l’éducation, formation, renforcement des compétences et développement du capital humain au top des priorités, suivies de l’accélération des réformes visant notamment l’amélioration du climat des affaires, des performances de l’administration, du système fiscal, du système judiciaire et la décentralisation. Suivent les leviers de l’amélioration du système de gouvernance ; le développement des infrastructures de base ; la promotion des activités de recherche & développement dans les secteurs public et privé, l’intensification de l’investissement et du processus d’accumulation du capital physique.

De même que l’amélioration de la compétitivité et une intégration plus poussée des marchés internationaux à travers les flux de biens, services et capitaux ; et la facilitation des moyens de financement de l’entreprise. Et dans le nouveau modèle de développement, quel rôle devrait jouer l’État en tant que puissance publique ? Surtout, celui de facilitateur, de régulateur, de partenaire et d’accompagnateur des initiatives privées, répondent deux tiers (66,7%) de l’échantillon, contre seulement 23,8% qui proposent un État intervenant par le truchement du secteur public dans l’économie (État développeur) et la moitié qui exprime sa préférence pour un État fixant les choix stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (État stratège). Se disant prêts à l’unanimité à participer à une dynamique qu’impose la nécessaire évolution du modèle de développement de l’économie marocaine, les opérateurs estiment que les secteurs à dynamiser davantage dans le nouveau modèle de développement sont en priorité le secteur industriel et les activités de service, devant l’agriculture, l’énergie et le secteur touristique.

 

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