Culture

Un festival fidèle à ses racines africaines

13 Juin 2018 À 18:29

Le compte à rebours a commencé pour les adeptes de la musique gnaoua, des rythmes exceptionnels et des belles fusions. Comme chaque année, ils se réuniront à Essaouira pour vivre l’ambiance particulière qui habite la ville à l’occasion du festival Gnaoua et musiques du monde. Les scènes vibrantes, les ruelles joyeuses, les touristes et locaux qui déambulent à la recherche de sons de guembris et crotales, les looks hippie… Dès qu’on goûte à cette ambiance, impossible d’y renoncer. 
La 21e édition, prévue du 21 au 23 juin, ne dérogera pas à la règle. Elle promet de nouveaux moments forts en échange et en émotions. Ce sera une occasion supplémentaire de rappeler l’ADN d’un festival qui a redonné un nouveau souffle à l’art gnaoua, grâce à la magie de la fusion et de la rencontre. Un festival fier de ses racines africaines qui offre aujourd’hui toutes ses chances à la relève pour réussir et reprendre le flambeau. Cette année encore, l’Afrique sera au cœur du Festival Gnaoua et musiques du monde d’Essaouira. «Fort de ses valeurs de fraternité, de droit à la dignité et d’universalité, le festival gagne en notoriété et continue de rassembler dans la droite ligne de la mission qu’il s’est dictée il y a vingt ans : faire de l’art des Gnaoua un symbole incontournable de la culture marocaine et africaine, et inscrire Essaouira dans le concert des cités internationales de la culture», souligne Neila Tazi, productrice du festival.  Du Sénégal au Mali, en passant par le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Congo ou la Guinée, le festival Gnaoua a vu défiler les plus grands noms de la scène africaine. Le Festival Gnaoua et musiques du monde œuvre pour la promotion de l’Afrique créative, et crée des moments propices aux rencontres porteuses de perspectives, aux échanges et aux émotions. Dans ce contexte, le Festival Gnaoua a participé récemment au «Marché des arts du spectacle d’Abidjan», le plus grand marché des arts de la scène en Afrique. À cette occasion, le festival a été présenté comme modèle «socio-économique de développement d’une ville à travers un événement culturel», explique Neila Tazi. Fier de son ancrage africain, le Festival Gnaoua  continue à développer ses collaborations avec le continent et à nourrir les échanges avec des artistes de tous horizons. 

Pour cette 21e année, l’Afrique sera à nouveau célébrée avec un duo féminin, deux musiciennes puissantes et de grands talents. Quand Asma Hamzaoui, jeune artiste gnaoui, joue au guembri, instrument considéré comme réservé aux hommes, Fatoumata Diawara continue à chanter malgré l’interdiction de pratiquer de la musique par les islamistes dans le nord du Mali, d’où elle vient. Ensemble, elles offriront, le 22 juin sur la scène Moulay El Hassan, une fusion authentique qui sera sans doute un des temps forts de cette édition.  Le Festival  Gnaoua fait aussi escale au Bénin avec BIM (Benin International Musical), un collectif d’artistes béninois, en partenariat avec le groupe Radio France. Un tourbillon de folie qui rend hommage à la musique des ancêtres du Dahomey. Au programme : des rythmes vaudou, des chants traditionnels, avec des mélodies électriques bien pimentées et des sons modernes que le collectif partagera lors d’une fusion unique avec le mâalem Hassan Boussou. Et ce, le 23 juin sur la scène Moulay El Hassan. La rencontre de Benin International Musical avec Mâalem Hassan Boussou offrira sans doute une fusion des plus impressionnantes. Rythmes gnaoua et danses du culte vaudou offriront un retour aux sources, avec des sonorités pleines d’énergie. 

Programme parallèle 

 

Selon Neila Tazi Abdi, fondatrice et productrice du festival, Essaouira abritera pendant plusieurs rencontres autour de thématiques essentielles.  En marge du festival, aura lieu cette année la Rencontre de la Coalition des villes arabes contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’intolérance, dans le cadre du programme intitulé «Coalition internationale des villes contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’intolérance» initié par l’UNESCO en 2008. Toujours parallèlement au festival, Essaouira accueillera également le 12e symposium du ICTM (International Council for Traditional Music), une organisation non gouvernementale qui vise à promouvoir l’étude, la pratique, la documentation, la préservation et la diffusion de la musique et de la danse traditionnelles de tous les pays. «Dans le cadre de notre partenariat avec le Conseil national des droits de l’Homme, nous organisons comme chaque année depuis sept ans, le Forum des Droits de l’Homme dont le thème sera “l’impératif d’égalité”. Un sujet qui nous tient particulièrement à cœur, à plusieurs titres», précise Neila Tazi qui rend hommage à toutes les femmes qui ont mené des combats ardents pour que ce projet continue de vivre et de rayonner. 

Les concerts intimistes

Sur les scènes intimistes du festival, on savoure la musique autrement. Des lieux où les artistes se prêtent au jeu de l’acoustique et les mâalems se livrent sans détour à la tradition, en se laissant entraîner par la magie du passé et le pouvoir des ancêtres. À Dar Loubane, on pourra assister à des concerts exceptionnels des mâalems Ahmed Baqbou et Haddada (21 juin), mâalems Amlil et Maadoula (22 juin), mâalems Baalil et Mohamed Kouyou (23 juin). 
Les murs de Borj Bab Marrakech présenteront deux concerts de deux grands mâalems : Hamid El Kasri (22 juin) et Mokhtar Gania (23 juin). Ce dernier, maître incontesté du guembri, offrira un concert inédit intitulé «Mokhtar Gania & Africa Gnawa Experience». Il s’agit de la rencontre 
de Mokhtar Gania et d’Anoir Ben  Brahim El Khabouche (guitariste et arrangeur) à Planet  Essaouira (studio d’enregistrement et de création musicale). Le projet musical est réalisé avec des instruments africains et maghrébins (percussions et cordes), des instruments plus modernes (guitare et clavier) et un chœur de voix féminines et masculines. 

La Zaouia Issaoua rappellera les codes sacrés de la musique traditionnelle. On y organise les «Lilas», qui s’étendent jusqu’à l’aube où la transe est l’actrice principale. S’y produiront les mâalem Guadiri Hassan, Omar Hayat, Brahim Belkani, Abdenbi Guedari, Abdenbi Faqir et Aziz Baqbou.
Le festival propose aussi une Lila d’exception en hommage aux mâalems défunts de la confrérie d’Essaouira. Sept couleurs et sept mâalems, telle est la thématique de ce nouvel hommage qui aura lieu à la zaouïa Sidna Bilal.

 

 

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