Économie

La FAO a lancé le programme «Afrisoils» pour la restauration de la fertilité des terres arables

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Partenariat mondial sur les sols ont lancé, hier, «Afrisoils», un nouveau programme visant à stimuler la productivité des sols et à réduire leur dégradation dans le but d'améliorer la sécurité alimentaire en Afrique. Le rapport mondial sur l'état des sols indique que l'érosion emporte de 25 à 40 milliards de tonnes de couches superficielles chaque année, réduisant les rendements agricoles et la capacité du sol d'emmagasiner et de recycler le carbone, les nutriments et l'eau.

Près de 65% des terres cultivables en Afrique subissent des pertes en éléments nutritifs. «Afrisoils» recommande la rotation des cultures pour éviter la fatigue des sols et de privilégier les engrais naturels.

13 Juin 2018 À 18:27

«Nous avons besoin de 50 millions de dollars pour mener à bien ce programme à grande échelle pendant les dix premières années. Nous avons besoin de l'aide de tout le monde pour cette initiative ambitieuse», a indiqué hier, René Castro, sous-directeur général de la FAO à l'occasion du lancement d'«Afrisoils», un nouveau programme visant à stimuler la productivité des sols en Afrique. Mis au point par la FAO et le Partenariat mondial sur les sols, «Afrisoils» a pour objectif d'augmenter la productivité des terres arables de 30% et d'en réduire la dégradation de 25% les dix prochaines années dans 47 pays africains. Le Partenariat mondial sur les sols a été créé en décembre 2012 comme un mécanisme en mesure de développer un partenariat interactif et d’améliorer la collaboration et la synergie des efforts entre tous les intervenants. Selon l'Organisation onusienne, la situation des terres arables en Afrique est des plus inquiétantes. «L'Afrique est le deuxième continent le plus sec, avec près de la moitié de sa surface composée de désert et 40% de ce désert affecté par la désertification. Près de 65% des terres cultivables du continent subissent des pertes en terre végétale et en éléments nutritifs. À cela s'ajoute le fait que moins de la moitié des terres africaines sont adaptées à l'agriculture et seuls 16% d'entre elles sont de très bonne qualité», écrit la FAO sur son portail électronique dans lequel il est rappelé que 70% de la population est directement affectée par l'insécurité alimentaire. 
«Des sols sains constituent la base de notre système alimentaire, en contribuant à la bonne santé des cultures qui vont nourrir les gens. Ce n'est qu'en gérant les sols de manière durable que nous pourrons parvenir à une certaine croissance agricole. 
Il en va de même si l'on veut garantir la sécurité alimentaire et s'adapter au changement climatique», a souligné M. René Castro. Le dernier de la FAO s'est fixé pour objectif d'augmenter la teneur du sol en carbone organique et en matière organique, essentiels à la fertilité. Les résidus de culture serviront à la fabrication des composts. Ce nouveau programme recommande également la rotation des cultures, pour éviter la fatigue des sols et de privilégier les engrais naturels. «Afrisoils» recommande d'adopter des mesures relatives à la conservation des sols et au contrôle de l'érosion et à réhabiliter les sols dégradés et pollués. La restauration des terres arables ne saurait se faire sans la lutte contre la déforestation, l'adoption des pratiques agroforestières intelligentes face au climat et de systèmes d'irrigation économes en eau. L'inquiétante qualité des sols ne concerne pas uniquement l'Afrique, mais c'est un phénomène qui semble toucher l'ensemble des continents. En mars dernier, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques estimait à 40 milliards les pertes annuelles causées par la dégradation des sols à travers le monde. Le Rapport mondial sur l'état des sols indique que l'érosion emporte de 25 à 40 milliards de tonnes de couches superficielles chaque année, réduisant les rendements agricoles et la capacité du sol d'emmagasiner et de recycler le carbone, les nutriments et l'eau. Selon le Rapport 205 de la FAO sur l'état des sols dans le monde, 33% des terres sont modérément ou fortement dégradées à cause de l'érosion, de la salinisation, du compactage, de l'acidification et de la pollution chimique des sols. Le rapport souligne que pour nourrir une population mondiale actuelle de quelque 7,3 milliards, plus de 35% de la surface terrestre libre de glaces a été convertie en terres agricoles. La FAO avait alors cerné quatre priorités et suggère d'atténuer la dégradation des sols et de restaurer la productivité de ceux déjà dégradés dans les régions où les populations sont les plus vulnérables. Il recommande aussi de stabiliser les stocks mondiaux de matière organique des sols, y compris le carbone organique et les organismes du sol. Pour renverser la tendance, le Défi de Bonn a lancé un effort mondial en 2011 pour restaurer 150 millions d'hectares de forêts terres dégradées d'ici 2020. 

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