Économie

Les pertes économiques estimées à 13 milliards de dollars par an

Le plastique asphyxie littéralement la Méditerranée. Le Fonds mondial pour la nature a publié un rapport, encore un, sur l'étendue de la pollution plastique de ce bassin qui reçoit 200 millions de touristes par an. Selon ce rapport, la Méditerranée est la sixième plus grande zone d’accumulation de déchets marins : cette mer qui ne représente que 1% des eaux mondiales concentre pourtant 7% de tous les micro-plastiques de la planète. À titre d'exemple, 18% des thons et espadons ont des déchets plastiques dans leur estomac. Les pertes économiques subies par les industries de la pêche et du tourisme sont de 13 milliards de dollars par an.

Les oiseaux de mer choisissent leur nourriture grâce à leur odorat. Le plastique peut être pris pour de la nourriture à cause des algues et des bactéries qui le colonisent et émettent une forte odeur de soufre. Les oiseaux associent cette odeur à de la nourriture et tombent alors dans des pièges olfactifs. Ph. WWF

08 Juin 2018 À 16:25

«Après la Chine, l’Europe est le deuxième producteur de plastique au monde, déversant entre 150.000 et 500.000 tonnes de macrodéchets en plastique et entre 70.000 et 130.000 tonnes de microplastiques dans la mer chaque année. La majorité de ces matières plastiques envahissent la mer Méditerranée et constituent une menace majeure pour la vie marine», rapporte le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans son dernier rapport publié à l'occasion de la célébration, le 5 juin, de la Journée de l'environnement. 

Si ce document est loin d'être le premier du genre, le rapport «Pollution plastique en Méditerranée, sortons du piège !» fourmille de données chiffrées sur la pollution plastique en Méditerranée et ses multiples dangers sur la faune et la flore marine. À titre d'exemple, le WWF indique que bien que ne représentant que 1% des eaux marines du globe, la Méditerranée affiche une concentration en microplastique 4 fois plus élevée que dans le «vortex de déchet du Pacifique Nord», zone aussi connue sous le nom de «soupe plastique» ou «septième continent». Le WWF souligne que souvent de gros morceaux de plastique blessent, étouffent et tuent des animaux marins, y compris des espèces protégées et en voie de disparition, telles que les tortues marines. Sous le titre «Les signaux de détresse de la mer», le rapport du WWF consacre un chapitre au ratio plastique/poisson et aux dommages économiques dus à ce type de polluants qui représentent entre 60 à 95% de l'ensemble des déchets. «Les estimations actuelles indiquent que l’on trouve plus de 150 millions de tonnes de plastique dans l’océan. Si l’on suit un scénario de statu quo, l’océan contiendra 1 tonne de plastique pour 3 tonnes de poissons d’ici 2025, et d’ici 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons». Le rapport poursuit en précisant que la Méditerranée est considérée comme la sixième plus grande zone d’accumulation de déchets marins : cette mer ne représente que 1% des eaux mondiales, mais concentre 7% de tous les microplastiques de la planète.

Et cela nous le payons rubis sur l'ongle. Les pertes économiques subies par les industries de la pêche et du tourisme causées par la pollution plastique sont de 13 milliards de dollars par an. Si le tourisme est un des secteurs qui pâtit de cette pollution, il est en revanche un des premiers responsables. Le WWF indique justement que les touristes visitant la Méditerranée, soit plus de 200 millions de personnes chaque année, génèrent une augmentation de 40% des déchets marins l’été. «Les flux de plastique dépendent de la proximité des activités urbaines, des usages riverains et côtiers, du vent et des courants. Les débris sont également emportés vers la mer par les fleuves, principalement le Nil, l'Hèbre, le Rhône, le Pô et les fleuves Ceyhan et Seyhan en Turquie qui se jettent dans la mer après avoir traversé des zones densément peuplées», constate l'ONG. Sur les risques qu'encoure la faune, le rapport de WWF estime à plus de 90% des dommages sont par les déchets d’origine humaine sont dus au plastique. À l’échelle mondiale, environ 700 espèces marines sont menacées par le plastique, dont 17% sont classées par l’Union internationale pour la conservation de la nature comme «menacées» ou «en danger critique d'extinction». À titre d'exemple, 18% des thons et espadons ont des déchets plastiques dans leur estomac. Ce taux passe à 90% chez les oiseaux de mer. Une tortue de mer sur 2 a ingéré cette matière. Et la liste est longue. Dans ses recommandations, WWF préconise de passer de 30 à 100% de déchets plastiques recyclés et réutilisables d’ici 2030 et fixer des objectifs de l'utilisation des matériaux de recyclage. L'ONG recommande également d'interdire l’utilisation de tous les sacs en plastique à usage unique et l’ajout de microplastiques dans les produits d’ici 2025. «Atteindre 100% de la collecte des déchets grâce à des plans efficaces de recyclage et de gestion intégrée des déchets», espère enfin WWF, une ONG créée en 1961 et qui travaille dans plus de 100 pays sur environ 1.300 projets environnementaux. 

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