Économie

Les opportunités commerciales secteur par secteur

Le projet d’adhésion du Royaume à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ouvre de nouvelles opportunités aux exportateurs marocains dans des secteurs où le pays dispose d'une forte spécialisation : textile-habillement, agroalimentaire, automobile, équipements pour la distribution d’électricité, engrais… Des activités où les Marocains sont déjà présents, mais peuvent mieux faire. Tour d'horizon.

03 Juin 2018 À 14:20

L’adhésion potentielle du Maroc à la Cédéao offre des opportunités en or pour doper les exportations du pays. C’est l’une des conclusions de l’étude réalisée par la Direction des études et des prévisions économiques (DEPF), en partenariat avec la Douane, sur «Les échanges commerciaux Maroc-Cédéao : opportunités par pays et par produit». 
Dans ce document, les auteurs se sont prêté à l’exercice d’analyser les structures des exportations du Maroc et des importations de la Cédéao. Ce qui a permis d’identifier des opportunités pour les exportations marocaines vers cette zone économique. Concrètement, les produits du textile et habillement pourraient constituer un marché porteur pour le Maroc. Selon l’étude, ces produits sont caractérisés à la fois par une forte spécialisation du Maroc et par une dynamique «importante» des importations de la Cédéao. La part de marché détenue par le Maroc sur ce segment est encore faible, ne dépassant pas 0,3% dans les meilleurs cas. Le Royaume a en face de redoutables concurrents qui fournissent actuellement le marché de la Cédéao pour ces produits comme la Chine et, dans un degré moindre, l’Inde. Le marché de la Cédéao des chaussures est, également, un marché à fort potentiel eu égard à la dynamique de ses importations (5% en moyenne sur les cinq dernières années). Le Maroc est quasi absent sur ce marché avec une part de 0,9% seulement. Selon l’étude, en cas d’adhésion du Maroc à la Cédéao, la suppression des droits à l’importation, fixés actuellement à 20% pour les articles d’habillement et 15% pour les chaussures, serait de nature à renforcer l’accès des produits marocains en favorisant leur compétitivité prix, notamment, dans un contexte marqué par le surenchérissement tendanciel des produits chinois lié, principalement à la hausse des coûts des facteurs (notamment les salaires) conjuguée à son recentrage progressif sur son marché intérieur. 

Le Royaume pourrait également renforcer son positionnement sur les engrais. En effet, ces derniers ont représenté 0,7% des importations de la Cédéao en 2016. Le pays tient la corde de premier fournisseur de la région avec une part de 32% devant la Russie (11,6%). Les tarifs douaniers appliqués sur ce produit, composé de 21 lignes tarifaires, se situent entre 0 et 5%, avec une moyenne de 1,2%. «Les droits d’importation ne constituent, ainsi, pas une barrière au commerce. La part du Maroc pourrait être, néanmoins, renforcée moyennant une meilleure adaptation à la demande de la Cédéao en engrais», développe le rapport. 
Dans l’activité des équipements pour la distribution de l’électricité, le Maroc est présent sur le marché de la Cédéao avec une part de 6,2%. Les principaux fournisseurs de ce produit sont la Chine avec 40% du marché, suivie de loin de l’Inde (7%). La part du Maroc pourrait être améliorée, notamment dans un contexte de spécialisation accrue et de suppression de droits de douane prévue à l’issue d’une éventuelle adhésion à la Cédéao. En effet, les tarifs douaniers appliqués sur ces produits composés de 15 lignes tarifaires se situent entre 5 et 20% avec une moyenne de 12,3%. 

Agroalimentaire : le Maroc peut mieux faire 
 Les légumes, frais, réfrigérés, conservés ou séchés représentent un potentiel inestimable à l’export pour le Maroc. Le pays dispose d’une forte spécialisation sur le segment de l’agroalimentaire. Sa part sur le marché de la Cédéao pour ces produits demeure encore faible (3,6%). La zone importe, notamment, pommes de terre, oignons, carottes, navets, tomates et betteraves. Elle s'approvisionne principalement des Pays-Bas (55% des importations de la région) et de la Chine (13%). 
Selon les analystes de la DEPF, la suppression des droits de douane, prévue en cas d’adhésion du Maroc à la Cédéao, contribuerait à l’amélioration de la présence marocaine sur ce marché. Les tarifs douaniers appliqués actuellement se situent entre 5 et 35% avec une moyenne de 17,2%. Ces produits sont composés de 79 lignes tarifaires. Un taux supérieur à 20% est appliqué à 50% de ces lignes. De même, la suppression des tarifs douaniers appliqués sur les préparations et conserves de légumes (entre 10 et 35%) serait de nature à améliorer l’accès de ces produits sur marché de la Cédéao, sachant que le Maroc en détient une faible part (0,3%). Les premiers fournisseurs de la région sont la Chine (64%) et le Royaume-Uni (8%). Le Maroc gagnerait, également, à valoriser sa production agricole à travers notamment la stratégie de développement de l’industrie agroalimentaire, tout en s’adaptant à la demande des pays de la Cédéao. Le marché des fromages est dynamique, avec un taux de croissance annuel moyen de 2% des importations de la zone. La France est le premier fournisseur de la région avec une part de 46%, suivie du Maroc (18%), qui pourrait se renforcer dans un contexte de levée des barrières tarifaires fixées actuellement à 20%, et d’amélioration de l’offre exportable dans le cadre du Plan Maroc vert.

Les poissons frais, vivants ou morts, réfrigérés ou congelés représentent 1,1% des importations totales de la Cédéao. Le Maroc détient seulement 4% de ce marché. Les principaux fournisseurs de la région en poissons sont les Pays-Bas et la Mauritanie avec des parts respectives de 19 et 14%. Les taux des droits de douane appliqués sur les produits en provenance du Maroc varient entre 5 et 20%, avec une moyenne de 12,8%. Ce produit étant composé de 138 lignes tarifaires. Le Maroc est fortement présent sur le marché de la Cédéao de préparations ou conserves de poisson. C’est le second fournisseur de la région avec une part de 38%, juste derrière la Chine (39%). La suppression des tarifs douaniers, fixés actuellement en moyenne à 19,7%, contribuerait à l’amélioration de la part de marché du Maroc, compte tenu de sa forte spécialisation (94%) et de la dynamique des importations de la région.
L’analyse de la DEPF et de la Douane s’est également intéressée au marché de l’automobile qui recèle, d’ailleurs, des gisements d’opportunités pour le Maroc. Les importations automobiles de la Cédéao représentent 2% des achats totaux de la zone. Elles proviennent notamment des États-Unis (33%) et de Belgique (15%). Le Maroc ne pèse guère que 0,2%. Néanmoins, la levée des tarifs douaniers, établis actuellement à 10,2% en moyenne, permettrait de renforcer la part du Maroc sur ce marché. 

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