Économie

Après une année record, Ryanair joue la prudence

Bénéfice annuel record pour Ryanair. La compagnie affirme toutefois que son bénéfice diminuera sur l'exercice en cours. En cause ? La hausse des coûts et des tarifs globalement stables.

21 Mai 2018 À 17:09

Des coûts salariaux et des carburants en hausse et des tarifs stagnants ramèneront le bénéfice annuel de Ryanair en deçà de la performance record enregistrée «en dépit de cafouillages dans ses services durant l’exercice écoulé».
Ainsi, la première compagnie aérienne low cost européenne a annulé 20.000 vols en septembre «en raison de cafouillages dans les tableaux de services, une mesure d’urgence destinée à assurer le bon fonctionnement de sa flotte de 400 avions sur le restant de l’année», explique Reuters.
Ryanair a enregistré sur l’exercice annuel clos au 31 mars un bénéfice après impôt de 1,45 milliard d’euros, en hausse de 10% et légèrement supérieur à la prévision moyenne des analystes donnée par la compagnie qui était de 1,44 milliard. Le nombre de passagers transportés a augmenté de 9% sur l’exercice écoulé et les coûts ont globalement été réduits de 1%.
Le transporteur aérien s’attend à dégager un bénéfice après impôt compris entre 1,25 milliard et 1,35 milliard d’euros sur l’exercice en cours, inférieur au consensus des analystes qui est de 1,37 milliard d’euros. Ce serait la première fois depuis cinq ans que le bénéfice diminuerait.

Ryanair prévoit désormais une croissance annuelle du trafic de 7% à 139 millions de passagers, contre 138 millions précédemment, ainsi qu’une croissance des revenus autres que ceux tirés des billets d’avion encore supérieure, sans que cela soit suffisant, selon elle, pour compenser la hausse des coûts et une stagnation prévisible des tarifs.
«Nos perspectives pour l’exercice 2019 sont teintées d’un pessimisme prudent», déclare le directeur général Michael O’Leary dans un communiqué, ajoutant qu’une baisse des coûts unitaires hors carburants se produirait ultérieurement, conséquence des retombées du projet d’augmenter la flotte de moitié d’ici 2024.
Ce ton pessimiste contraste avec celui de son concurrent EasyJet, deuxième compagnie aérienne à bas prix d’Europe, qui a annoncé la semaine dernière anticiper pour son exercice annuel en cours un bénéfice imposable en hausse de 30%, grâce à une forte demande et faillite de certains de ses concurrents.
«Sur les 12 mois à venir, nous imputerons tous les coûts nécessaires pour pouvoir croître à 200 millions de passagers», a par ailleurs dit O’Leary, lors d’une présentation vidéo faisant suite à la publication des comptes trimestriels.

«Nous percevons des risques baissiers par rapport aux estimations du consensus ; toutefois, les fondamentaux à long terme restent intacts et attrayants, en dépit de pressions à court terme dues à la négociation et à la mise en œuvre inédites d’accords avec les syndicats», indique Gelard Khoo, analyste de Liberum, cité par Reuters.
La compagnie irlandaise a été contrainte en décembre d’admettre les syndicats pour la première fois en 32 années d’existence afin d’éviter une grève de ses pilotes.

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