8 Mars

La femme marocaine déterminée à instaurer un changement

La Journée internationale de la femme s’inscrit dans le cadre d’un mouvement mondial sans précédent en faveur des droits des femmes, de l’égalité et de la justice. Le harcèlement sexuel, la discrimination, la violence à l’encontre des femmes ont fait la une des médias et ont fortement suscité un débat public stimulé par une détermination affirmée à instaurer un changement.

08 Mars 2018 À 12:54

La Journée de la femme est célébrée ce jeudi par le monde entier sous le thème «L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes». Un sujet choisi par les Nations unies pour favoriser l’autonomisation des femmes dans tous les contextes – ruraux et urbains – et pour célébrer les activistes qui travaillent sans relâche à revendiquer les droits des femmes et à réaliser leur plein potentiel. «L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont les véritables gageures de notre époque et le plus grand défi que le monde ait à relever en matière de droits fondamentaux», souligne le message du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.
Au Maroc, la femme est devenue au centre du combat global mené par le pays pour lutter contre la pauvreté, promouvoir l'éducation, enraciner la culture des droits de l'Homme et encourager sa participation à la gestion de la chose publique, sur un pied d'égalité avec l'Homme. Depuis quelques années, la femme marocaine a gagné en indépendance et a réussi à obtenir une citoyenneté à part entière. Durant ces dernières années, les droits des femmes ont connu une accélération des réformes, grâce au militantisme des associations féministes, mais surtout grâce à la Volonté Royale.

En effet, S.M. le Roi Mohammed VI a fait de l'intégration des femmes, notamment celles issues des milieux défavorisés, dans les circuits économiques et de l'amélioration de leur condition sociale une priorité stratégique pour le Maroc du 21e siècle. La réalisation d'infrastructures de proximité favorisant l'insertion de la femme dans la vie active s'inscrit amplement dans ce cadre en offrant à cette frange de la société l'opportunité de développer ses compétences en bénéficiant de formations qualifiantes dans plusieurs métiers et de contribuer ainsi à la dynamique de développement économique et social, notamment au niveau local.
Aussi, la Constitution de 2011, en tant que loi suprême du pays, a-t-elle conféré une place de choix à la participation de la femme dans la vie politique, eu égard à son rôle de levier pour la démocratie, à travers la mise en place de principes, de mécanismes et d'instances à même de réaliser le principe de parité et de permettre aux hommes et femmes de jouir, sur un pied d'égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, et aussi à travers la promotion de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans l'accès aux fonctions électorales. Toutefois et malgré sa progression constante, la représentativité féminine au Parlement, au gouvernement et dans l’administration publique demeure en deçà des attentes des féministes qui espèrent la mise en place de mesures plus incitatives afin de pouvoir atteindre la parité aussi bien au niveau de l’hémicycle que du gouvernement.
Sur un autre plan, il est vrai que le Code de la famille procure à la femme marocaine un meilleur statut social. Ce Code a donné une forte impulsion au processus engagé par le Royaume pour l'édification d'une société démocratique et moderne et pour promouvoir et consolider la notion de «famille» et la protection des mineurs. Il consacre le principe de l'égalité entre la femme et l'homme au niveau de la responsabilité familiale, des droits et des devoirs des deux époux et préserve les droits de l'enfant en insérant dans le Code des dispositions des conventions internationales ratifiées par le Maroc. La position de la femme dans la société a été davantage renforcée suite à la promulgation du Code de la nationalité qui confère à la mère mariée à un étranger le droit de transmettre son nom et sa nationalité à ses enfants. Ce processus a été également renforcé par la levée des réserves émises sur les conventions internationales déjà ratifiées par notre pays ou auxquelles il a adhéré. Il s'agit, à titre principal, de la convention internationale visant à éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme.

Toutefois, la violence contre la femme reste une réalité vécue au quotidien dans la société marocaine. Les données statistiques sur ce phénomène ne sont que le reflet visible d'une quantité considérable d'actes de violence non déclarés, cachés, tus, gardés sous silence, en raison de la honte, par crainte de représailles, ou au nom de la solidarité familiale ou de la non-ingérence dans la vie privée des familles.
Pour combattre ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la société marocaine, la Chambre des représentants a adopté, en février dernier, le projet de loi relative à la lutte contre la violence faite aux femmes qui permettra au Royaume de disposer d'un texte juridique de référence et cohérent susceptible de garantir une meilleure protection des femmes contre toutes formes de violence et d'en punir les auteurs. Le texte de référence comporte la définition des concepts, les dispositions pénales, les mesures préventives, les initiatives de protection et un mécanisme institutionnel intégré de prise en charge en durcissant les peines contre les auteurs.
Selon la ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social, Bassima Hakkaoui, «le projet, qui vise à incriminer certains actes considérés comme une forme de violence faite aux femmes, met fin à l'absence de législation et de réglementation sur la question, en englobant toutes les formes de violence qui peuvent être pratiquées contre les femmes, dans différents contextes, que ce soit à la maison, dans la rue, au travail ou ailleurs». Le projet prévoit également un système de prise en charge des femmes victimes de violence, ainsi que des mécanismes de coordination entre les intervenants en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes et leur protection. 

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