Économie

Au secours, mon collaborateur est lunatique !

Tout le monde l’admet, il est difficile de travailler avec un collaborateur lunatique. C’est une personne qui change souvent d’humeur et qui réagit rapidement sans motif et sans objectif. Il faut toujours choisir le bon moment pour communiquer avec lui puisqu’il n’est pas toujours prédisposé à échanger. Chose qui n’est pas toujours possible. Les astuces pour gérer ce profil avec Imane Hadouche, consultante RH, coach et formatrice.

Tout le monde est un peu lunatique, puisqu'il suffit d'un événement, d'une situation ou d'une pensée angoissante pour vous faire changer d'humeur.

01 Février 2018 À 19:30

Éco-Conseil : Qu’est-ce qu’un collaborateur lunatique et comment le reconnaître ?
Imane Hadouche :
Un individu lunatique est une personne qui manifeste un trouble d'humeur, du comportement ou de la personnalité. Généralement, les lunatiques ne se rendent pas compte de ces changements d'humeur soudains et surprenants, et n'aimeraient pas que les autres le constatent ou soient impactés. 
Ils réagissent souvent sans motif et sans objectif, ni aucune intention de manipuler, puisque le «stimulus» qui les pilotent est intrinsèque, indépendamment des personnes ou des situations. Et c'est justement le point qui les différencient du profil hautement toxique et manipulateur du «passif agressif» qui présente tous les symptômes du lunatique, mais qui a toujours un objectif, une intention claire d'obtenir quelque chose et de manipuler pour l'avoir, et dont le «stimulus» est externe, dépendant d'une personne ou d'une situation.


Quelles sont les astuces à adopter pour gérer et communiquer avec une personne lunatique en entreprise ?
Pour gérer au mieux un lunatique, il vaut mieux choisir le moment de communiquer avec lui, puisqu’il n'est pas toujours disponible et prédisposé à communiquer. Le mieux serait de l'aider à «contrôler» et «maîtriser» ses moments de disponibilité. Lui dire par exemple : «tu as l'air occupé, mais j'ai vraiment besoin de te parler avant la réunion, dès que tu peux» et ne pas hésiter à le relancer. 
Il est recommandé d'avoir des gestes d'empathie, totalement gratuits : lui ramener un café avec un sourire, demander s'il a besoin de faire une pause café, demander s'il a besoin d'aide sur un dossier… 
Ne laissez pas un lunatique vous embarquer dans son marasme émotionnel, diffusez de la bonne humeur, et il finira par suivre, comme son humeur est changeante, il est facilement contaminé par l'ambiance qui règne, même avec un peu de réticence ou de résistance. 
Faites-lui part de votre constat, quand vous sentez qu'il commence à sombrer dans la mauvaise humeur, de manière subtile, en lui demandant par exemple si tout va bien et si vous pouvez l'aider, puisqu'il semble de mauvaise humeur. Comme précité, le lunatique ne se rend pas compte de ses sautes d'humeur, et il essayera de réajuster son attitude, puisqu'il n'aimerait pas que les autres constatent cela. 
Ne prenez pas le même ascenseur émotionnel que lui. Il est clair que la gestion quotidienne d'un lunatique est une affaire fatigante, donc, essayez de faire des pauses, en passant du temps avec d'autres personnes qui sont d’humeur stable, pour vous nourrir de bonne humeur, et être capable de le nourrir à votre retour.

Comment se contrôler au quotidien face à ce profil ?
La bienveillance est le mot clé. Tout le monde est un peu lunatique, puisqu'il suffit d'un événement, d'une situation, ou d'une pensée angoissante pour vous faire changer d'humeur. C’est un trait de caractère, comme tout un chacun en a. Dites-vous simplement que le lunatique ne fait rien de manière personnelle, et que tout ce qu'il peut dire ou faire, ce n'est jamais contre vous, c'est à cause de stimulus internes. Et comprenez qu’il est inoffensif, entier, et qu'il est le premier à souffrir de ces sautes d'humeur. 


Et si la personne lunatique était le patron de l’entreprise. Comment composer avec lui ?
Le patron ou le supérieur hiérarchique a aussi droit à ses traits de caractère et ses sautes d'humeur, cela dit, dans ce cas précis, il est nécessaire de tracer la limite de l'inacceptable : une grosse colère peut être tolérée, mais jamais le manque de respect ou le non-professionnalisme. Pour cela, le factuel et l’écrit restent votre allié : la précision de vos tâches, les limites de vos responsabilités, tout cela doit être clarifié et adressé par écrit. Choisissez le bon moment et prétextez une demande de feuille de route stratégique pour vous, en essayant de l'obtenir sous forme d'un écrit (via mail, par exemple). Gardez tout ce qui est demandé par écrit, et en finesse, obtenez de lui un écrit pour toute directive, ceci vous servira de preuve factuelle, s'il a aussi tendance à changer d'avis.


Les idées à retenir

 

• On confond souvent « lunatique », qui est un trouble d'humeur, avec d’autres traits de caractères à savoir : le colérique, le capricieux, l’agressif, le pessimiste…
• On confond aussi le profil du « lunatique » avec d'autres profils : le dépressif, le passif agressif, le bipolaire, le borderline …
• Il est important de retenir que le lunatique ne se rend pas du tout compte de ces changements d'humeur ou d'attitude, et que ce n'est jamais contre nous, ni pour nous manipuler, contrairement à d'autres profils toxiques.
• La seule différence entre le côté « lunatique » que nous avons tous, et le mode de fonctionnement du «lunatique» comme profil, c'est qu’il réagit à des stimulus internes, et non à des personnes ou des situations.
• Il est intéressant de constater que le mot «lunatic» en anglais, contrairement au français, désigne une personne hautement toxique et extrêmement dangereuse. Pour désigner le profil du lunatique, ils utilisent le terme «moody».

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