Économie

Les apports de la responsabilité sociale dans la chaîne de valeur de l’entreprise (1/2)

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) a pris toute sa place dans les organisations, à travers des démarches volontaires tenant compte de l’ensemble des paramètres liés à leur développement. L’instauration de ces démarches permet la mobilisation des différentes parties prenantes autour d'un projet fédérateur et initier une dynamique de progrès. Le but étant d’inscrire l’ensemble de la chaine de valeur de l’entreprise dans une logique de développement durable et de pérenniser ses activités. Le point avec Afafe El Amrani El Hassani, docteure chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en GRH.

Actuellement, les managers soutiennent la notion de création de valeur intégrée qui consiste dans le fait de choisir des domaines d’activités, des actions et des produits et services ayant le double objectif d’assurer la rentabilité de l’entreprise et les intérêts des parties prenantes.

21 Janvier 2018 À 14:11

Éco-Conseil : Quelle est la relation entre la chaîne de valeur de l’entreprise et la RSE ?
Afafe El Amrani El Hassani
: De nos jours, la responsabilité sociale des entreprises a acquis ses titres de noblesse et pris une place importante dans la réflexion managériale du fait qu’elle incite les managers à se concentrer non seulement sur la réalisation de profits, mais plutôt sur la manière de le faire dans le respect d’un certain niveau d’éthique et de transparence. En effet, le manager d’aujourd’hui est amené à trouver l’équilibre entre les intérêts de l’entreprise et ceux des parties prenantes internes et externes de façon à développer ses affaires sans pour autant oublier d’éliminer, ou du moins minimiser les dommages que son activité pourrait avoir sur leurs vie, santé et bien-être.
La stratégie globale de l’entreprise est alors formulée de sorte que les principes de la RSE soient respectés et intégrés à sa chaîne de valeur se traduisant par un ensemble de politiques contenant des pratiques socialement responsables.
Par la même occasion, et avant de parler des apports de la RSE dans la chaîne de valeur de l’entreprise, il serait judicieux de définir la notion de chaîne de valeur et son rôle dans la création de la valeur et de l’avantage concurrentiel au sein de l’entreprise.
La chaîne de valeur est un concept introduit par le professeur américain de stratégie Michael Porter dans les années 1960 et consiste dans le fait de découper les activités de l’entreprise en activités principales du fait qu’elles contribuent directement dans la création de la valeur et la constitution d’un avantage compétitif (la production, le commercial, le marketing, la logistique…) et les activités de soutien qui contribuent indirectement au processus de création de valeur (la comptabilité, la GRH, l’approvisionnement…). La distinction entre ces activités permet à l’entreprise de maîtriser ses coûts, optimiser ses ressources et orienter ses stratégies pour renforcer son avantage concurrentiel, augmenter son chiffre d’affaires et améliorer sa performance.
Mais de nos jours, la société civile a connu plusieurs mutations socioéconomiques et le monde économique et monétaire a essuyé plusieurs scandales économiques, financiers et écologiques, suite à la mauvaise gestion des entreprises et surtout à leur volonté aveuglée et aveuglante, de générer des bénéfices même aux dépens des ressources naturelles, l’environnement et les populations. Cet état de fait a rendu les parties prenantes de plus en plus exigeantes et attentives à l’activité de l’entreprise et ses effets sur l’environnement, leur bien-être et la qualité de leur vie.

Quels apports de la RSE dans la chaîne de valeur de l’entreprise ?
Comme précédemment mentionné, le manager averti a de plus en plus intérêt à intégrer les principes de la RSE à l’ensemble des maillons de sa chaîne de valeur de façon à pouvoir générer un profit aussi bien économique que social. En effet, le manager est amené à penser l’ensemble de sa stratégie globale et surtout les activités et actions menées de sorte qu’il arrive à satisfaire ses objectifs de rentabilité et les objectifs des parties prenantes en termes de sécurité, durabilité et équité des pratiques de l’entreprise.
Les activités RSE sont orientées vers plusieurs champs d’interventions tels que les volets économique, écologique et environnemental, social et sociétal. Le respect de la RSE dans la composition et la gestion de la chaîne de valeur, permet au manager d’orienter ses choix et ses stratégies vers des activités, des pratiques et des produits et services rentables économiquement, moins néfastes pour l’environnement, et appréciables par les parties prenantes.

Comment concilier entre les intérêts des différentes parties prenantes ?
Actuellement, les managers soutiennent la notion de création de valeur intégrée qui consiste dans le fait de choisir des domaines d’activités, des actions et des produits et services ayant le double objectif d’assurer la rentabilité de l’entreprise et les intérêts des parties prenantes. Prenons quelques exemples pour illustrer ce point de vue. Une entreprise de produits alimentaires pourrait choisir de produire des produits moins sucrés, moins gras, ne contenant pas de produits cancérogènes et dangereux pour la santé des consommateurs ou nuisibles à l’écosystème. Une autre entreprise produisant des produits cosmétiques pourrait faire le choix de ne pas utiliser des conservateurs ou matières dangereuses et ne pas faire des tests sur des animaux et ainsi de suite.
Tout manager a la possibilité de reconvertir l’activité de son entreprise et revoir ses techniques, technologies, processus et offres de produits et services de façon à garantir à la fois la rentabilité et l’engagement socialement responsable de l’entreprise. Tout produit ou service est aujourd’hui à même de se voir revu et repensé de façon à intégrer les principes de la RSE dans sa composition et la chaîne de valeur qui a conduit à sa production. 

Copyright Groupe le Matin © 2024