Économie

Comment présenter ses qualités… et ses défauts 

La question sur les qualités et les défauts est désormais un classique des entretiens de recrutement. Elle déstabilise les candidats alors qu’elle peut être le moment idéal pour se vendre, se distinguer et gagner la confiance du recruteur. Pour répondre à cette question, le candidat ne doit pas se contenter de lister des qualités, mais plutôt présenter des expériences professionnelles où il a utilisé concrètement ces qualités. Une préparation en amont s’impose. Le point avec Imane Hadouche, consultante RH, coach et formatrice.

Il faut apprendre à faire la différence entre les qualités et les défauts dans le domaine professionnel et le domaine du privé.

18 Janvier 2018 À 17:58

Éco-Conseil : En entretien d'embauche, les recruteurs demandent souvent aux candidats de parler de leurs qualités et défauts. Pourquoi à votre avis ? 
Imane Hadouche :
Poser la question classique concernant «les qualités» et «les défauts», parmi d’autres questions, a pour objectif de procéder à la sélection finale et à garder le profil correspondant aux attentes du recruteur. 
Lors de la présélection à travers les CV, un recruteur se retrouve avec des profils plus ou moins similaires, avec un background et des expériences orientés vers le descriptif des responsabilités inhérentes au poste. 
L’entretien reste donc l’occasion de mieux s’informer concernant les habilités personnelles, le savoir-
vivre, la personnalité, et la valeur ajoutée que peut apporter la personne interviewée au poste, à l’équipe et à l’organisme. 
Et bien évidemment, les qualités et les défauts, autrement appelés «forces» et «faiblesses» sont des indices précieux dans ce sens.

Quelle est la meilleure manière de présenter ses qualités sans paraître prétentieux ? 
Généralement, la question concernant «les qualités» est automatiquement suivie par une autre question : «Donnez-moi un exemple concret qui illustre ces qualités et comment vous les avez mobilisées par le passé».
Il ne suffit donc pas de lister des qualités, mais il faut aussi se préparer et penser à des expériences professionnelles et des situations où on a utilisé ces qualités de manière concrète.
On peut tout aussi bien aborder ces situations, même si le recruteur ne pose pas la question, pour justement présenter ses points forts, tout en les mettant dans un contexte réel et tangible. Bien sûr, le ton et le non verbal sont aussi très importants, et la prétention peut être détectée même si elle n’est pas exprimée avec des mots. Pour cela, rester dans le concret permet de rester humble, même au niveau du non verbal. 

Comment parler de ses défauts tout en se valorisant ? 
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’on observe souvent plus de prétention quand les personnes interviewées parlent de leurs défauts, que quand elles évoquent leurs défauts. Les réponses du style «mon plus grand défaut c’est le perfectionnisme» «mon plus grand défaut c’est la sincérité» en sont l’exemple parfait. Mais pour présenter ses défauts tout en étant certain d’en faire un atout, il y a trois méthodes :
• La méthode de la «grue», qui consiste à présenter «un défaut» tout en le reliant à la qualité inverse. Par exemple, on pourrait dire : «mon plus grand défaut c’est que je suis une personne analytique, ce qui peut me ralentir des fois, mais par contre, cela me permet de me lancer dans l’action avec beaucoup d’assurance», ou encore «je suis une personne d’action, et donc je peux parfois passer à côté de certains détails, par contre, cela me permet de réaliser assez rapidement mes objectifs». 
• La méthode «diluée», qui consiste à présenter un défaut et de le diluer. Par exemple, on pourrait dire : «mon plus grand défaut c’est l’impatience, mais justement, c’est ce qui me permet habituellement d’avancer rapidement».
• Le «concret» : encore une fois, parler d’une expérience vécue, pour évoquer un défaut, ce qu’on a tiré comme leçon et ce qu’on a fait depuis pour le corriger. Ceci fait sentir que la personne est sincère, et qu’elle est dans un processus d’évolution permanente. Et que ce soit pour les qualités ou pour les défauts, il est 
important d’utiliser des adverbes : «parfois, souvent, assez…» Cela permet d’éviter ce sentiment de «certitude» et de «vérité absolue».

Quelles sont les erreurs à ne jamais commettre ?
Les erreurs à ne jamais commettre et qui restent assez communes :
• Dire qu’on n’a pas de défauts.
• Dire que ce sont les autres qui doivent juger vos qualités.
• Ne pas faire la différence entre les qualités et défauts, dans le domaine professionnel et le domaine du privé.
• Donner le sentiment qu’on n’est pas assez conscient de soi. 
• Ne pas préparer son entretien, ses réponses, et ne pas s’entraîner avec une tierce personne. 
• Se référer toujours au CV (si cela suffisait, on ne vous aurait pas invité à un entretien). 
• Évoquer des défauts qui impliquent autrui (ce serait médire de ses ex-collègues, exemple : «je suis impatient, mais c’est surtout quand j’ai affaire à des personnes lentes et qui ne sont pas ponctuelles dans leurs délais».
• Évoquer des qualités ou des défauts qui relèvent des «généralités»
• Jouer un rôle.

Copyright Groupe le Matin © 2024