Économie

Et si la perte d’emploi était l'opportunité pour progresser ?

La perte d’emploi est une épreuve difficile à gérer du fait qu’elle engendre stress, démotivation, culpabilité et peur de l’avenir. Or cet accident de parcours peut être une véritable occasion pour faire le point sur son avenir professionnel, se fixer de nouveaux objectifs et s’ouvrir sur de nouvelles opportunités. Le point avec Meryem Benslimane, consultante en développement des compétences et en ressources humaines.

La personne au chômage doit accepter la situation, tenter d’y voir le côté positif et chercher des astuces pour y faire face.

03 Décembre 2017 À 14:03

Éco-Conseil : La perte d’emploi est souvent une période difficile à gérer. Quel devrait être la première réaction après le choc initial ?
Meryem Benslimane : Effectivement, la perte d’emploi est une période souvent difficile à gérer. Se retrouver au chômage est une épreuve qui engendre choc, inquiétude pour l’avenir, perte d’estime de soi, stress… Pour bien gérer cette situation, je recommande à la personne de ne s’entourer que de personnes positives, qui vont la soutenir et surtout celles qui vont l’aider à rebondir et à être dans l’action. Il faut, dans ce sens, éviter de s’entourer de personnes négatives ou celles qui dramatisent la situation et qui vous poussent à rester, inconsciemment, dans l’attitude victime. Il faut aussi prendre cette expérience comme étant une opportunité pour changer et sortir de sa zone de confort. Facile à dire et difficile faire, mais il faut l’appliquer, d’autant plus que l’on n’a pas le choix. On doit accepter la situation, tenter d'y voir le côté positif et chercher des astuces pour y faire face. Il ne sert absolument à rien de se considérer comme victime. On peut se donner le temps d’en pleurer, mais il ne faut pas que ça dure longtemps. Il faut se donner tous les moyens pour rebondir et dépasser cette expérience pénible. 

Quels moyens se donner pour surmonter cette période et reprendre sa motivation ?
Premièrement, un repos est nécessaire afin de recharger les batteries et aborder le processus de changement. Ainsi, comme tout processus de changement, il y aura une phase de déni durant laquelle la personne se sent réellement victime en se posant certaines questions : «Pourquoi cela arrive à moi et non pas aux autres ?», «Qu’est ce que j’ai fait pour qu’on me vire ?»…. Dans cette phase, il faut faire attention à l’entourage et aux personnes qui nourrissent le sentiment de culpabilité, car cela ne permettra pas de se rebondir facilement. Puis un bilan de compétences s’impose comme atout permettant de reprendre sa motivation. On peut le faire individuellement comme on peut faire appel à un spécialiste. Durant cette phase, il est important de se poser certaines questions et de tenter de trouver des réponses type : «Est-ce que je veux rester dans le salariat ou c’est le bon moment de s’orienter vers l’entrepreneuriat ?», «Qu’est ce qu’il faut que je développe comme compétences pour réussir ma carrière ?»…

À partir de quel moment peut-on faire le vide dans son esprit et parvenir à se fixer de nouveaux objectifs ?
Juste après la période de choc, on doit se fixer de nouveaux objectifs. Pour se motiver, il faut faire un travail sur soi afin de changer sa vision de la situation en la considérant comme une expérience d’apprentissage et non un échec ou une fin en soi. Je tiens à souligner que c’est normal que la personne en période de deuil exprime le besoin d’être écoutée, car il s’agit bel et bien d’une souffrance. Il faut donc lui manifester de l’empathie, l’écouter et la comprendre. Toutefois, il faut aussi que la personne soit, le plus rapidement possible, capable de faire le vide et de se fixer de nouveaux objectifs.  

Quelle attitude adopter lors des entretiens ? Est-il recommandé de parler de sa situation au recruteur ?
Il faut d’abord comprendre que les recruteurs connaissent bien le phénomène de perte d’emploi. N’oublions pas que ça peut être aussi dû à un facteur économique et qu’une structure se voit obligée de faire du downsizing pour réduire ses coûts. Je recommande ainsi de parler de la situation à son recruteur en tant qu’expérience vécue et non en tant qu’échec. Toutefois, il faut éviter certaines erreurs pouvant coûter cher. Il s’agit, notamment de critiquer son ancien employeur, car cela dévalorise le candidat vis-à-vis de son recruteur. Il faut aussi éviter d’adopter la posture de victime qui reflète que le candidat est dans l’inaction et est incapable d’agir. Rappelons que les recruteurs cherchent des profils capables de prendre des décisions et des responsabilités, quelles que soient les circonstances. Je tiens à souligner, en guise de conclusion, que le verbe échouer en anglais est «FAIL», qui peut être aussi exprimée comme «First Attempt In Learning», c'est-à-dire première étape dans l’apprentissage. Perdre son emploi est, certes, difficile à accepter, mais peut être une véritable occasion d’apprendre et de progresser. 

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