50ème Anniversaire de l'indépendance

Poser ses limites sans blesser ses collègues, c’est possible !

En entreprise, il est important d’apprendre à poser ses limites afin d’entretenir des relations saines et durables avec ses collègues. Une démarche qui n’est pas toujours facile à appliquer, surtout face à des collaborateurs toxiques et trop exigeants. Pour y parvenir, il faut d’abord être conscient de ses propres limites puis les communiquer clairement à son entourage. Il faut aussi apprendre à dire non et à refuser ce qu’on qualifie d’inacceptable. Le point avec Malgorzata Saadani, coach consultant certifiée ICC, DG d'ANC Communications.

C’est avec du recul et l’analyse des situations du passé que nous prenons conscience des lignes rouges à respecter à l’avenir.

15 Novembre 2017 À 20:35

Éco-Conseil : Pourquoi est-il si important d’apprendre à poser ses propres limites au travail ?
Malgorzata Saadani :
Poser ses limites relève tout d’abord de l’auto-conscience et de la préservation du bien-être personnel. En évoquant l’auto-conscience, je pense à la réponse individuelle aux questions : quelles sont mes valeurs ? Quelles sont mes zones de souplesse et de négociation ? Quelles sont les choses inacceptables, c'est-à-dire les lignes rouges à ne pas dépasser ? Qu’est-ce qui me met immédiatement et systématiquement hors de moi ? Rares sont les personnes capables de faire ce tri dans leurs idées et d’y répondre avec précision. C’est avec du recul et l’analyse des situations du passé que nous prenons conscience des lignes rouges à respecter à l’avenir. Mais être conscient n’est qu’une première étape. La plus importante étape est celle de l’application concrète du respect de ces limites : communiquer clairement ses attentes, savoir refuser l’inacceptable et, si nécessaire, argumenter.

Comment poser ses limites sans blesser ses collègues ?
Poser ses limites, c’est aussi les communiquer à ceux qui sont censés les respecter : le plus tôt sera le mieux, avant qu’ils ne s’habituent à des comportements qui nous mettent mal à l’aise. C’est aussi une question de forme : courtoise, factuelle et justifiée. En revanche, plus on va tarder, plus il y aura des non-dits et des frustrations, et plus nous aurons de chances de nous retrouver émotionnellement dos au mur et littéralement exposés au pire moment possible.
Cependant, il est parfois préférable de ne pas recadrer immédiatement et d'attendre le moment où notre interlocuteur sera plus réceptif et attentif. Nous-mêmes avons souvent besoin de retrouver notre sang-froid pour adopter le ton adéquat. Dans tous les cas, il nous faudra trouver les mots justes et les bases de compréhension communes (par exemple, nous sommes d’accord sur le principe du respect réciproque, sur la franchise dans notre relation).
Enfin, il faut se rappeler que poser nos limites donne aussi le droit à l’autre personne d’en faire autant et de nous les communiquer.

Est-il toujours évident de poser ses limites face à un manager toxique et très exigeant ?
Certainement non. Car en plus des enjeux humains présents dans ce genre de situation, il y a peut-être aussi notre prime, notre promotion ou notre emploi qui sont en jeu. Finalement, poser une limite aux comportements indésirables de son supérieur hiérarchique relève d’un exercice hautement diplomatique.
Et puis, si l’on évoque la toxicité d’une personne, on peut penser non seulement à son exigence, voire l’intransigeance, mais également aux tentatives du harcèlement moral, ce qui serait beaucoup plus grave. Là, savoir poser une limite est la principale voie d'autodéfense, dans le sens propre du terme.

Quelles sont les erreurs à éviter dans ce cas ?
La principale erreur à éviter est, à mon avis, d’avoir peur de s’affirmer. Bien sûr, il ne s’agit en aucun cas de mener des actes de révolte irraisonnables ou de se livrer à des échanges verbaux bruts et blessants. Mais les deux extrêmes, à savoir la soumission totale ou l’hyper-réactivité, sont à éviter.
Une autre erreur serait donc d’être excessivement rigide et ne pas tenir compte des contextes relationnels : même si une personne transgresse les limites que nous avons fixées, ce n’est pas toujours très grave. Si ce n’est pas répétitif ou motivé par la mauvaise foi évidente, il faut à mon avis être aussi humainement tolérant : chacun d’entre nous peut avoir une mauvaise journée ou une période difficile dans sa vie et réagir d’une manière inhabituelle.
Le plus important, c’est d’être au clair avec ses propres principes et observer attentivement son environnement. Recadrer sans agressivité une relation si elle dépasse les limites et garder une communication courtoise en toute situation. 

Copyright Groupe le Matin © 2024