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Les éleveurs australiens regardent l'Europe post-Brexit avec appétit

27 Mars 2017 À 18:26

L'Europe est encore un petit marché pour les producteurs de viande australiens : ils espèrent que le Brexit leur ouvrira grand les portes du Royaume-Uni et comptent sur un accord de libre-échange pour leur donner un meilleur accès à l'Union européenne (UE). Le gouvernement britannique activera mercredi 29 mars l'article 50 du traité de Lisbonne, lançant officiellement son divorce avec l'Union européenne. L'Australie, troisième exportateur mondial de bœuf, y voit une bonne raison d'être optimiste.

«Le Brexit représente pour l'Australie une opportunité unique d'améliorer ses relations commerciales avec le Royaume-Uni», explique à l'AFP Josh Anderson du bureau européen de Meat and Livestock Australia (MLA), organisation qui s'occupe du marketing et de la recherche dans la filière viande en Australie. L'Australie et le Royaume-Uni devront redéfinir leurs relations commerciales en dehors de l'Union européenne. Or peu après le vote du Brexit, le gouvernement australien avait annoncé son désir d'établir un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. Les premiers acheteurs de boeuf australien sont le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud, la Chine. L'Europe arrive loin derrière, les exportations vers l'Union européenne étant limitées par des quotas et des taxes. Les ventes de boeuf et de mouton à l'Union ne représentaient en 2015 que 2% du volume total des exportations australiennes. «Nous avons un accès très limité à l'Union européenne», déplore d'ailleurs Geoff Pearson, un responsable du Cattle Council, qui représente les éleveurs. «Si les quotas et les taxes sont révisés, alors oui, potentiellement, on s'intéressera davantage à ce marché», poursuit-il.

«Priorité»

En 2015, plus de la moitié des ventes à l'Europe étaient destinées au Royaume-Uni. «L'Australie et le Royaume-Uni ont une riche histoire au niveau des échanges commerciaux», écrivait dans une note la MLA après le vote du Brexit, en juin 2016. Dans les années 50, entre 50 et 80% des exportations de boeuf et de veau australiens étaient destinées au Royaume-Uni. Ces échanges ont reculé notamment lorsque Londres a intégré l'Union européenne, selon la MLA.

L'Australie vise aussi le marché européen, qui a «un potentiel extrêmement positif» avec ses 500 millions d'habitants, relève Josh Anderson: «Les Européens ont les moyens d'acheter des protéines».L'Union européenne est un petit marché en volume, mais achète de la viande de qualité à l'Australie. Le prix de la tonne de viande vendue par l'Australie à l'Europe est ainsi presque deux fois plus élevé que la moyenne des autres marchés, explique la MLA. Un accord de libre-échange entre l'Australie et l'UE représente donc «une priorité» pour cette organisation. Canberra et Bruxelles se sont mis d'accord en novembre 2015 pour engager un processus, et les négociations devraient commencer courant 2017. Timing parfait pour l'Australie au vu du vaste scandale de viande avariée qui secoue le Brésil, premier fournisseur de viande (32%) de boeuf à l'Europe en dehors des producteurs européens, devant l'Uruguay, l'Argentine, et... l'Australie (11%). Si les négociations avec le Royaume-Uni et l'Union européenne prendront probablement plusieurs années, l'Australie progresse à grande vitesse en Chine, avec laquelle un accord de libre-échange est en vigueur depuis 2015. Canberra et Pékin ont signé vendredi un accord permettant d'étendre l'accès des producteurs de viande australiens à la Chine. «Les exportations de bœuf australien en Chine sont passées de moins de 100 millions de dollars (70,9 millions d'euros) en 2011 à plus de 600 millions (425 millions) en 2016», s'est félicité le ministre du Commerce, Steven Ciobo. 

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