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PSA convoite les activités européennes de General Motors

General Motors et PSA ont été brièvement liés par une alliance en 2012-2013, ensuite réduite à une coopération sur des projets ponctuels après la sortie du géant américain du capital de l'entreprise française.bPh. AFP

19 Février 2017 À 14:12

Le Lion de Peugeot va-t-il croquer l'éclair d'Opel ? Le groupe automobile français PSA réfléchit à la possibilité d'acquérir les activités européennes de l'américain General Motors (GM), dans le rouge depuis des années. PSA (Peugeot, Citroën et DS) «explore la possibilité d'acquérir Opel et Vauxhall», alors que PSA et GM sont déjà liés par des projets industriels communs, a indiqué un porte-parole de l'entreprise à l'AFP. «Depuis 2012, General Motors et le groupe PSA ont mis en oeuvre une alliance qui couvre, à ce jour, trois projets en Europe, qui ont généré des synergies assez importantes», a remarqué ce porte-parole. «Dans ce cadre (...) le groupe PSA confirme explorer de nombreuses initiatives stratégiques dont le but est à la fois d'améliorer la rentabilité et la performance opérationnelle, y compris un rapprochement avec Opel et Vauxhall», a-t-il ajouté.C'est sous cette dernière marque que sont commercialisés au Royaume-Uni les véhicules connus sur le continent sous la marque Opel.

Cette révélation intervient une semaine après l'annonce par GM d'une perte de 257 millions de dollars pour ses activités européennes en 2016, son 16e exercice annuel déficitaire consécutif. En 2009, GM, au bord de la faillite, avait entamé des discussions avec des repreneurs potentiels pour ses activités en Europe et l'équipementier canadien Magna semblait avoir les faveurs des autorités allemandes avant que GM ne se ravise.

Coopération ponctuelle

GM pâtit, selon les analystes, de surcapacités et d'un portefeuille de produits mince comparé à ses concurrents généralistes en Europe.Alors que le cours de l'action Peugeot bondissait de plus de 4,6% à la Bourse de Paris à la mi-journée, PSA a souligné dans un communiqué qu'«à ce stade, il n'existe aucune certitude sur la conclusion d'un éventuel accord». Dans un communiqué depuis son siège de Detroit, GM a repris la communication de PSA à la virgule près. Un rapprochement entre PSA et GM Europe, dont les contours restent à préciser, pourrait aider le constructeur français à parvenir à une taille critique, élément jugé important dans une industrie à faibles marges et gourmande en capitaux.PSA a immatriculé, en 2016, quelque 3,15 millions de véhicules, loin derrière Volkswagen, Toyota, General Motors et Renault-Nissan, tous autour de 10 millions d'unités. En 2016, Opel et Vauxhall ont immatriculé environ 1,2 million de véhicules.Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l'institut de recherche sur l'automobile CAR, a exprimé son scepticisme quant à «une constellation composée de Peugeot et d'Opel (qui) ne produirait pas grand-chose, car les deux se marchent dessus en Europe».General Motors et PSA ont été brièvement liés par une alliance en 2012-2013, ensuite réduite à une coopération sur des projets ponctuels après la sortie du géant américain du capital de l'entreprise française. Un petit utilitaire sur base commune doit sortir de l'usine de PSA à Vigo (Espagne) l'année prochaine. Un «ludospace» est prévu dans l'usine de GM à Saragosse, également en Espagne, et un 4x4 urbain dans le fief de Peugeot à Sochaux (Doubs).

«Inacceptable»

Le montant d'un éventuel rachat reste la grande inconnue. PSA, après avoir frôlé la faillite en 2013-2014 et n'avoir dû son salut qu'à l'arrivée au capital d'un partenaire chinois, Dongfeng, et de l'État français, est revenu dans le vert dès l'exercice 2015 en dégageant 1,2 milliard d'euros de bénéfice net. Ses résultats 2016 seront publiés le 23 février. Opel, dont le symbole est le «blitz» (éclair), a été fondé en 1862 à Rüsselsheim au sud-ouest de Francfort. Fin 2015, l'entreprise employait 35.600 salariés, dont 18.250 en Allemagne. En Europe, Opel produit au total dans dix usines réparties sur six pays. La ministre allemande de l'Économie, Brigitte Zypries, interrogée par le quotidien Bild, a jugé «inacceptable» qu'un tel rapprochement soit publiquement envisagé «sans que le comité d'entreprise (le syndicat) IG Metall ou l'exécutif régional n'aient été informés au préalable».Le comité d'entreprise d'Opel et IG Metall ont d'ailleurs protesté contre une possible «violation sans précédent des droits de participation non seulement allemands, mais aussi européens» en matière d'information des employés.Volker Bouffier, président du Land de Hesse où se trouve Rüsselsheim, a de son côté prévenu qu'il était «déterminant que les emplois puissent être maintenus». 

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