Le leadership du Maroc au service de l’Union africaine

En réintégrant l’Union africaine, le Maroc n’a fait que sceller juridiquement une réalité déjà existante. Car le Maroc a certes claqué la porte de l’OUA (Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA) il y a 33 ans, mais il n’a jamais quitté l’Afrique, tant s’en faut. Son engagement pour le développement du contient et son soutien pour son développement socioéconomique n’ont fait que se renforcer au fil des années. Et le Royaume, qui a érigé la coopération Sud-Sud, notamment avec les pays du continent, en axe majeur de sa diplomatie, ne pouvait rester indéfiniment en dehors de sa famille institutionnelle africaine.

Le retour du Maroc à l’Union africaine est somme toute logique et ne peut être que bénéfique pour l’ensemble du continent.

02 Février 2017 À 17:49

Le retour du Maroc à l’Union africaine va dans le sens de l’histoire. Car son attachement à ses origines africaines ne s’est jamais démenti depuis l’indépendance, donnant lieu à des projets de partenariat solidaires qui sont autant de modèles de coopération Sud-Sud. Mais force est de constater que depuis l’an 2000 la diplomatie marocaine, guidée par la vision clairvoyante de S.M. le Roi Mohammed VI, a franchi un palier supplémentaire en instaurant un nouveau paradigme dans ses relations avec les pays du continent.

«L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Cette phrase tirée du célèbre discours prononcé par le Souverain en 2014 à Abidjan résume on ne peut mieux l’approche du Royaume. Une approche qui s’inscrit dans une logique de partenariat gagnant gagnant et place le développement de la population africaine au cœur de tout projet de coopération. Cette vision audacieuse et inédite, portée par S.M. le Roi, constitue de l’avis de beaucoup d’observateurs une rupture historique et décisive avec les équations et les schémas classiques de coopération. Les visites royales dans plusieurs pays du continent (y compris ceux de l’est tout récemment) traduisent cette nouvelle vision et expriment également la volonté réelle du Maroc d'asseoir, avec les pays africains sans exception, une coopération solide et diversifiée.

Si les relations entre le Maroc et l’Afrique ont pris un essor sans précédent depuis le début du nouveau millénaire, boostées par un secteur privé marocain de plus en plus entreprenant, il faut souligner que les nombreuses visites effectuées par Souverain dans plusieurs pays subsahariens ont redonné aux relations maroco-africaines leurs lettres de noblesse. Depuis l’année 2000, S.M. le Roi a effectué 46 visites dans 25 pays africains, qui ont donné lieu à la conclusion à 949 accords.

Ces visites, au-delà de leur charge symbolique, ont été l’expression concrète de la solidarité agissante du Royaume avec les pays subsahariens. En effet, lors de chaque tournée royale, des projets socioéconomiques ayant un impact direct sur la vie des populations ont été lancés, des accords de coopérations signés et des partenariats conclus.Mais l’engagement du Royaume pour l’Afrique ne porte pas que sur le volet économique, l'aura spirituelle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en Sa qualité de Commandeur des croyants et de descendant du Prophète, est perçue dans beaucoup de pays du continent comme garante de la promotion d'un Islam modéré et tolérant. La création de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains à Fès constitue, à juste titre, la parfaite illustration du leadership spirituel du Royaume en Afrique. C’est aussi l’une des manifestations les plus éclatantes de l’aura et du rayonnement religieux du Souverain à l’échelle du continent. Cette initiative royale, portée par une volonté sincère de promouvoir un Islam tolérant, ouvert et authentique, traduit une vision claire et une approche perspicace visant à apporter des réponses lucides et efficaces aux menaces qui pèsent sur le continent, notamment la montée de l’extrémisme et l’instrumentalisation de l’Islam à des fins idéologiques et politiques.

L’Afrique, frappée de plein fouet par l’hydre du terrorisme, avait grandement besoin d’une institution de cette envergure, capable de fédérer ses dignitaires religieux et de s’ériger en rempart infranchissable contre les prêcheurs de la haine et de la discorde. Fort des liens tant religieux qu’historiques et culturels qui unissent le Maroc à l’Afrique, le Royaume était le pays le mieux à même de porter un tel projet. C’est pourquoi le Souverain avait affirmé que cette fondation est «un jalon de plus dans notre orientation stratégique visant à hisser les relations de coopération politique et économique qui unissent le Maroc à un certain nombre d’États africains frères au niveau d’un partenariat solidaire efficace, dans les différents domaines».

Pour toutes ces raisons, le retour du Maroc à l’Union africaine est somme toute logique. Et ne peut être que bénéfique pour l’ensemble du continent. Le Royaume mettra son savoir-faire et son expertise dans beaucoup de domaines au service de ses frères africains. Économie, finances, éducation, lutte contre le terrorisme, nouvelles technologies, agriculture… sont autant de secteurs qui pourraient faire l’objet de coopérations plus étroites entre le Maroc et les autres pays du continent. De plus, le Royaume, fort de son statut d’acteur régional crédible et respecté, donnera plus de punch et d’efficacité et une aura incontestable à l’organisation panafricaine.

«Le Maroc apportera ses succès politiques et diplomatiques, son influence et sa crédibilité sur la scène internationale, mais aussi son expérience et ses réussites dans les innovations et les progrès technologiques comme le développement durable, les énergies renouvelables ou le développement humain. Le Maroc est une référence et, dans de nombreux domaines, un leader international, par exemple dans le secteur de l’écologie, comme le démontre le succès de la COP 22 à Marrakech, ou encore celui des nouvelles technologies», analyse l’eurodéputée Rachida Dati dans une déclaration au «Matin».

Liesl Low-Vaudran, consultante de l’influent Institut des études sécuritaires (ISS, un think tank basé à Pretoria, Afrique du Sud), partage la même analyse. Elle estime que le retour du Maroc au sein de sa famille africaine est un cheminement tout à fait logique d’un pays qui s’impose par son poids et son influence dans son environnement régional, continental et international.

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