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L'hôtellerie française dans le rouge en 2016

Contacté, le géant hôtelier AccorHotels (1.600 établissements en France) n'a pas souhaité s'exprimer avant la publication de ses résultats annuels en février.

09 Janvier 2017 À 18:13

Après deux années de stagnation des performances, l'hôtellerie française a accusé le coup en 2016, affaiblie par les attentats, les grèves, et le sentiment d'insécurité qui ont fait fuir les touristes étrangers, mais de nombreux professionnels du secteur assurent que le début 2017 est «encourageant». Selon le cabinet MKG, le manque à gagner en 2016 pour l'hôtellerie française s'élève à 900 millions d'euros. L'Île-de-France, région la plus touchée, atteint même une perte de 870 millions, et Paris a perdu 700 millions d'euros. «Il s'agit de la plus mauvaise année depuis 2009», assure à l'AFP Georges Panayotis, président fondateur de MKG Group. En effet, en 2016, le revenu par chambre disponible (RevPar), indicateur clé du secteur, a reculé de 5,1%.

Cela s'explique par un repli conjoint du taux d'occupation des chambres de 1,2 point en moyenne, mais aussi du prix moyen des chambres, avec une baisse de 3,3%, selon des chiffres de MKG. Les deux années précédentes (2014 et 2015) avaient déjà été marquées par une stagnation des performances hôtelières en France. Cette fois, la victime principale est la ville de Paris, cible d'attentats en 2015. La Ville lumière affiche un RevPar en chute de 14,6% et une baisse de fréquentation de 6,2 points. La région Île-de-France voit elle son RevPar baisser de 12,8%, sa fréquentation de 5,5 points. Les palaces et le segment haut de gamme sont les plus touchés. Ils accusent la plus forte baisse : -9,2% de RevPar, une baisse de 4,7% des prix moyens et enfin une fréquentation en recul de 3,3 points. Le mois d'août a été particulièrement compliqué, de nombreux hôteliers de ce segment assurant avoir «fermé des étages entiers par faute de clientèle». «C'est une mauvaise année. On est à du -20% de chiffre d'affaires, ce n'est pas bon», martèle François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée, un des palaces parisiens situé sur la célèbre avenue Montaigne.

«On serre les dents»

«La destination Paris attire toujours, elle repartira, c'est certain, mais c'est un travail sur le long terme, et côté palaces, il est clair et net qu'on serre tous les dents», lance l'hôtelier. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), également touchée par l'attentat de Nice en juillet dernier, a essuyé un recul de 2,8% de son RevPar et de 1,3 point de fréquentation. La Province, elle, tire son épingle du jeu. Elle affiche un RevPar en hausse de 2,7% et si on exclut la PACA, elle ressort à +4,4% de RevPar. Contacté, le géant hôtelier AccorHotels (1.600 établissements en France) n'a pas souhaité s'exprimer avant la publication de ses résultats annuels en février. La chaîne Best Western (297 hôtels en France) affirme elle que l'année passée s'est déroulée «en dents de scie», avec des mois «très difficiles en août et novembre, descendant jusqu'à un taux d'occupation de 31% et des mois positifs, notamment le mois de décembre», souligne l'enseigne, affirmant «résister en 2016».

Pour résister justement, beaucoup ont baissé leurs tarifs. «Nous n'avons pas le choix, il faut s'adapter. Mais il faut bien sûr rester à un prix où on gagne encore de l'argent», analyse Christophe Sauvage, fondateur et directeur général de Elegancia Hotels, qui compte 18 établissements à Paris.Selon le portail allemand de réservation hôtelière HRS, le tarif moyen journalier à Paris en 2016 est en baisse de 4,3% à 132 euros, en raison d'un contexte sécuritaire qui rend la capitale moins attractive, mais aussi de la concurrence que représente «l'hébergement alternatif très présent dans la capitale et l'émergence de nouvelles destinations concurrentes de Paris». Concernant les perspectives, MKG assure observer «des signes encourageants de reprise» et indique que depuis le mois de septembre, la fréquentation repart légèrement à la hausse.

Même son de cloche pour M. Delahaye : «la fin d'année a été très bonne, avec un taux d'occupation de 93% et les trois mois à venir s'annoncent encourageants, à l'image de la période de la Fashion Week fin janvier à Paris, durant laquelle on affiche déjà complet».

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